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Billet de blog 25 mai 2015

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Iglesias conduit-il Podemos à la catastrophe?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce texte a été rédigé dans la journée de dimanche, avant que soient connus les résultats des consultations municipales et régionales. Je n’en change pas un mot

Si Pablo Iglesias, Iñigho Errejón, Carolina Bescansa… continuent ainsi, Podemos va à la catastrophe. Et ce la sera fin d’une illusion pour « la gente », les gens… Et une victoire de la « caste ».

Sí se puede !

Pour qui a suivi cette campagne électorale (municipales et régionales) il est impossible de ne pas être impressionné par l’enthousiasme des foules qui se pressent aux meetings de Podemos, scandant sans relâche « si se puede ! » et entonnant à pleine voix « el canto a la libertad » de ce Brassens aragonais que fut José Antonio Labordeta.

Première personne du singulier

Ainsi à Saragosse, avant dernier meeting de Iglesias, Errejón, Bescansa (les trois principaux dirigeants venus soutenir Pablo Echenique),  Iglesias prononce le plus percutant de ses discours.

Avant même de saluer le public du désormais rituel « buenas tardes Zaragoza ! » il jette à la foule, comme en pâture,  trois noms : Casta Alvarez, Manuela Sancho et Agustina de Aragon, les trois héroïnes de la Guerre d’Indépendance menée par les Espagnol(e)s contre les troupes napoléoniennes en 1808.

Ce faisant il pince la corde sensible du patriotisme, du régionalisme pour ne pas dire du  chauvinisme imbécile car il sait la réputation des gens d’Aragon, cette « honra », mélange d’honnêteté, de droiture, de fierté et de vaillance. Et « la gente » est immédiatement conquise, bien sûr.

Il poursuit son discours, privilégiant le « je » plutôt que le « nous », allant jusqu’à lancer cette supplique : « y os pido un favor personal… hacedme el favor… », je vous demande de le faire pour moi (voter Pablo Echenique), faites-le pour moi !

Et il poursuit ainsi alternant les envolées lyriques, les rugissements de combat et les confidences personnelles… Mon père, ma mère, mon grand-père… ce n’est pas un hasard si je m’appelle Pablo Iglesias ! (allusion au fondateur du parti socialiste espagnol Pablo Iglesias Posse), sollicitant et savourant les applaudissements, jouant ainsi avec la foule subjuguée et terminant poing dressé par « el canto a la libertad » repris en cœur par « la gente » debout…

Christ, Paul, Fidel, Che…

S’ils continuent ainsi, les dirigeants de Podemos, ça finira mal. Car le « je » de Iglesias n’est évidemment pas innocent, il contribue à la construction du socle sur lequel il se posera un jour, s’il continue ainsi, en tant que guide suprême et prophétique comme il y en a tant dans l’histoire, objet déifié de l’amour de ces femmes et ces hommes qui, au pied de la tribune, le dévorent des yeux.

Les observant tous les deux, Pablo et ĺñigo, comment ne pas penser immédiatement à ces prophètes qui suscitèrent tant d’amour, tant d’engagement jusqu’au sacrifice, comment ne pas songer au Christ (la dégaine méticuleusement composée n’y sont pas pour rien) pour l’un et au « militant » Paul pour l’autre ?

Comment, observant leur gestuelle à la tribune et leur élocution vibrante, ne par songer à ces héros latinos américains qu’ils ont tant admirés, comment ne pas songer à Fidel et au Che ? 

Culte de la personnalité

 Comment, en effet, ne pas y songer quand au meeting de Zamora le conseiller municipal de cette ville, Javier Iglesias, laissant la place sur l’estrade à son fils Pablo, lui lance ? « Hasta la victoria siempre ! »  , comme disaient jadis les deux « comandantes » ?

Comment, écoutant leurs diatribes volontiers manichéennes, pauvres et riches, corrompus et « decentes », valientes y sinvergüenzas, (vaillants et sans scrupules) comment ne viendrait-il pas à l’esprit que jouant sans cesse dans le registre de l’émotion, avec le temps, ils n’épuisent l’émotion ?

Le culte de la personnalité, le fonctionnement hiérarchique et autoritaire, ce « verticalisme » dénoncé au sein même du parti par de nombreux militants, conduiront si tout cela persiste, à la stratification mortifère.

La campagne électorale pour les législatives qui débute dès maintenant nous montrera si les leçons de l’histoire ont été apprises par nos docteurs en sciences politiques que sont Pablo, Iñigo, Juan Carlos (Monedero qui n’est pas hors circuit contrairement aux apparences), Carolina…

Apprises et … retenues.

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