Je n’utilise pas le terme "fascisme" à la légère. Il y a trois ans déjà je m’inquiétais ici de la montée de cette idéologie que l’on hésite aujourd’hui encore à qualifier de fasciste tant on ne parvient pas à croire que la "bête immonde" puisse à nouveau sortir de l’ombre, tant on se refuse à croire à cet « éternel retour ».
L’église contrefort du fascisme
Ce dimanche, pourtant, elle rode dans les rues de Paris. Je sais bien que certains de ces manifestants seraient outrés de cette qualification qui ne concerne évidemment pas chaque individu pris séparément , mais le mouvement qu’ils sont en train de constituer et les animateurs de ce mouvement qui chacun(e) dans son domaine, j’allais écrire dans sa spécialité, apporte sa pierre à la construction idéologique du fascisme avec les mots qui sont ceux de toujours : autorité, famille nation, patrie, qui permettent la désignation du bouc émissaire qui est l’un des trois socles sur lequel s’élève la construction fasciste, les deux autres étant , on le sait, l’autorité, celle du chef, et la nation, celle qui n’a de sens que pour autant qu’elle exclut.
Et puis apparaît aujourd’hui en toute lumière le contrefort qui a toujours soutenu, au sens propre, l’édifice : l’église, les églises devrais-je dire sachant que je ne désigne par ce mot aucune foi, aucune croyance que chacun peut porter et qui sont toutes parfaitement respectables, mais les institutions sociales et économiques temporelles qui s’arrogent le droit d’intervenir dans le domaine public en violation de la plus élémentaire bienséance démocratique.
Car ce n’est pas un hasard si c’est en Espagne que se produit cette insupportable régression concernant la liberté des femmes sous un gouvernement non seulement conservateur mais héritier du fascisme ibérique et ceci sous la pression constante, depuis Franco, d’une église omnipotente et nostalgique de ce passé. Et je ne suis pas sûr que toutes celles et ceux qui aujourd’hui en France, se déguisant des couleurs de ce qui fut le drapeau de Franco, soient conscients du fait que, ce faisant, ils s’affichent aux côtés de ceux qui furent il n’y a pas si longtemps les alliés de Mussolini et de Hitler, alliance que bon nombre d’entre eux n’ont jamais reniée. Et le sourire du si libéral pape François qui ne désavoue pas ce clergé hispanique dont la soutane est maculée du sang des républicains, ce sourire en devient fort peu sympathique.
Autorité, famille, religion et …vulgarité
Pour vérifier de près la mesure dans laquelle mes craintes sont fondées, je suis allé faire un tour sur le site de JRE (journée de retrait de l’école) qui préconise de retirer les enfants de l’école une fois par mois pour obtenir « l’interdiction du genre à l’école ». Cette association est animée par Farida Belghoul, une enseignante en disponibilité, dont le discours correspond parfaitement à cette pierre dont je parlais plus haut qui participe à la construction du discours fasciste contemporain.
Tout y est, autorité, famille, religion, bouc émissaire (le bouc émissaire ici est « le lobby LGBT ») tout cela baignant dans un salmigondis d’ignorance (cette dame emploie les mots sécularisation, dé-sécularisation dit-elle, constructivisme, ignorant leur sens), de contre-vérités et de mensonges éhontés revenus dans un bouillon de vulgarité inqualifiable (à propos de la transsexualité : on enseigne aux enfants que l’on peut changer de sexe « en se cisaillant le (geste à l’appui)… vous m’avez compris ».
Tout cela au nom des valeurs prônées par la religion, par les religions unies (provisoirement ?) dans la défense de la famille, de l’autorité à l’école et ailleurs, des « bonnes mœurs » dont on sait à quel prix de sang et de larmes les prêtres de toutes confessions ont tenté, au long de l’histoire, de les « partager » avec le commun des mortels.
Décidément il me semble bien que le mot historique de l’antifascisme ibérique doit resurgir face à cette résurgence du hideux : No pasarán !