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Billet de blog 27 janvier 2011

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Je ne soutiendrai pas J.-L. Mélenchon

Non, décidément non, je ne peux m'associer à la démarche du « Front de gauche / Parti de gauche » car je ne peux soutenir ce qui apparaît de toute évidence comme l'aventure personnelle d'un homme, J.-L. Mélenchon.

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Non, décidément non, je ne peux m'associer à la démarche du « Front de gauche / Parti de gauche » car je ne peux soutenir ce qui apparaît de toute évidence comme l'aventure personnelle d'un homme, J.-L. Mélenchon.

Je ne veux être le complice d'aucune aventure personnelle moins encore celle d'un homme qui affirme que Cuba n'est pas une dictature invoquant pour cela des arguments rassis (embargo, éducation, médecine) et je sais bien qu'il a ajouté que ce n'était pas non plus une démocratie et qu'il n'avait pas l'intention d'importer le modèle (sic)...

Je ne veux pas être le complice (avant d'en être le dindon de la farce) de l'aventure personnelle d'un homme qui se réfère à F. Mitterrand parce qu'il parvint, lui, à construire une « union de la gauche » en proclamant à la tribune d'un célèbre meeting de campagne que si l'on n'était pas prêt à rompre avec le capitalisme on n'avait pas sa place au PS. Un homme qui parvenu au pouvoir ne tarda pas à se draper dans une affectation pour ainsi dire impériale. Et, ce faisant, je n'ignore pas les réalisations de la gauche au pouvoir mais je n'ignore pas non plus ses échecs et ses abandons car de rupture point.

Enseignant, je ne peux soutenir l'aventure d'un homme qui fut ministre, et qui ne refusa pas de l'être sachant pourtant que sous la cohabitation il ne lui serait pas loisible de révolutionner l'enseignement professionnel. Cet homme, aujourd'hui, prône la « révolution ». On me permettra, à cet égard, de réfléchir plutôt, avec d'autres, avec toutes celles et ceux qui n'en sont pas restés aux schémas de la Première Internationale, de réfléchir, donc, à cette idée « révolutionnaire » de Métamorphose proposée par Edgard Morin.

Enseignant, je ne peux non plus soutenir l'aventure d'un homme dont ce que nous pouvons savoir du programme sur la question de l'école et plus largement de l'éducation est, jusqu'ici, d'une indigence affligeante se limitant à l'énumération de grands principes mais évitant soigneusement les questions qui fâchent. Celles qui fâchent particulièrement les syndicats et nombre d'enseignants qui ont bien du mal à admettre que la lutte contre l'inégalité scolaire et donc l'inégalité sociale passe nécessairement par une mise en question de ce que j'appelle volontiers « le mode de vie dans les établissements ».

Cette mise en question implique une réflexion sur le nécessaire travail collectif des enseignants, sur une nouvelle définition du métier privilégiant une pratique collective. Mais également une réflexion permettant d'en finir avec l'archaïque structure du « quatre quarts » (une matière, une heure, une classe, un professeur) sans oublier la question de l'évaluation, pratique qui me semble devoir être bannie de toute la durée de l'obligation scolaire (d'accord avec la proposition 3 - 18 ans) car il est d'autres formes d'observation des phénomènes éducatifs que cette mécanique évaluatrice que l'idéologie et la pratique entrepreneuriale voudraient imposer non seulement au système éducatif mais à toute forme de relations humaines. Sans oublier de réfléchir à ce que serait concrètement la définition de la mission d'une école émancipatrice et non pas « productiviste ». Bref, il n'est pas possible de traiter de ces questions graves à coups de slogans, aussi fracassants soient-ils.

Enfin je ne peux soutenir l'aventure personnelle d'un homme, quels que soient sa sincérité et son désintéressement que je ne mets pas en doute, qui utilise tous les moyens de communication spectaculaires mis à sa disposition par le libéralisme qu'il souhaite combattre et qui ne semble pas se rendre compte (il n'est pas le seul) que sa participation au spectacle ne fait que renforcer encore la société qu'il veut combattre.

Mais je me félicite grandement de constater qu'au fronton du parti qu'il a créé, J.-L. Mélenchon inscrit un triptyque dont le premier terme n'est autre que « écologie ». Je me souviens trop des sarcasmes de marxistes « révolutionnaires » accueillant René Dumont en 1974 quand il parut sur les écrans un verre d'eau à la main. Plus de quarante ans déjà ! Mieux vaut tard que jamais. Il n'en demeure pas moins que je préfère à l'aventure personnelle, celle, « coopérative », de ceux qui n'ont pas attendu quarante ans pour se rendre à l'évidence.

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