Comme je l’annonçais dans un précédent billet, je poursuis ici la chronique des «munimagouilles» à Souillac. Non que le cas de ce gros bourg de la vallée de la Dordogne soit particulièrement passionnant mais il est révélateur de ce en quoi consiste, de plus en plus, me semble-t-il, la politique aujourd’hui : non le souci du bien commun mais celui du pouvoir et du profit (des profits de toutes sortes que le pouvoir procure).
Le coup de Brutus
Donc, voici que Monsieur le Maire adjoint à l’économie et au tourisme dont je vous ai entretenu précédemment, confirme sa candidature à la Magistrature suprême du gros bourg, faisant fi d’ailleurs de toute démarche démocratique (comme pratiquement tous les candidats, je l’admets mais ce n’est vraiment pas une excuse) puisque, aux municipales, nous ne votons pas pour une personne mais pour une liste laquelle désigne ensuite celle ou celui qui sera le Maire. Il est déjà advenu que la liste ne désigne pas la personne dite « tête de liste ».
Mais peu importent ces subtilités car Monsieur le Maire adjoint etc., actuellement en exercice, mais aussi Vice-Président de la Communauté des communes a été, dit-il, « officiellement investi par le PS le 13 octobre ». Parti où il avait adhéré (ou plutôt ré-adhéré, il y a des va-et-vient ainsi…) en avril 2013 dans la perspective du « coup de Brutus » qu’il mijotait à l’encontre du Maire, son camarade de parti.
La trahison
N’est-ce pas là un comportement plein d’élégance et d’éthique républicaine ? Inutile de dire qu’un certain nombre de celles et ceux qui s’engagèrent sur les valeurs de démocratie, de solidarité, d’éthique et d’écologie il y a six ans vivent cela, tout simplement, comme une trahison. Trahison non des personnes seulement mais plus gravement des valeurs que nous voulions porter. Je ne parle évidemment pas ici des quelques conseiller(es) qui, toute honte bue, ont décidé de suivre notre hôtelier dans ces sentiers boueux.
Trahison confirmée, si besoin était par la profession de foi (si l’on peut dire) publiée dans la feuille locale qui semble bien lui être acquise. Figurez-vous qu’il « assume une conception sociale et démocrate […] en dehors de toute idéologie et sectarisme » alors qu’il vient de nous dire qu’il est socialiste ! Chacun le sait le socialisme n’est pas une idéologie comme le libéralisme n’en est pas une et comme le pragmatisme dont se réclament ceux « qui ne font pas de politique » n’en est pas une non plus.
Le socialisme est-il une idéologie ?
Le socialisme n’est donc pas pour lui, notre hôtelier, une idéologie. En effet, c’est simplement un marchepied sur lequel se hisser pour parvenir au pouvoir. Avouons que par les temps qui courent il n’est pas le seul à user de marchepieds.
Mais, dit-il encore, fuyant toute idéologie, sa « politique s’appuie sur l’économie de marché (laquelle a-t-on envie de savoir, Keynes, Hayek, Friedman, ou Amartya Sen ?) […] d’où la nécessaire négociation entre l’Etat, les syndicats et le patronat pour structurer un consensus… » Tout cela, n’est-ce pas, n’est pas de l’idéologie.
Non seulement c’est de l’idéologie (comme toute production d’idées) mais de l’idéologie de la pire espèce, celle qui historiquement se nomme corporatisme, ce corporatisme que nous avions vigoureusement dénoncé il y a six ans et qui, en France, s’est un temps concrétisé sous le nom de poujadisme.
Conflit d’intérêts ou quoi ?
Je reviendrai dans une prochaine chronique sur ce qu’il appelle le « développement du territoire Grand Nord du Lot » qui n’est autre que la tentative de créer une « baronnie » dans laquelle, avec d’autres fervents partisans de cette recentralisation de la décentralisation, il se rêve jouant un rôle de premier plan convenablement rétribué (en plus de son indemnité de Maire bien sûr).
Car il convient d’examiner maintenant les quatre premières (et seules pour l’instant) propositions de son programme. En réalité seule compte la première qui dit ceci : « le premier (projet) sera d’optimiser les politiques engagées pour développer et faire de Souillac la capitale touristique, culturelle et économique de la Vallée de la Dordogne ».
Touristique, n’est-ce pas ? Et maintenant regardez bien l’inscription sur la pierre qui se trouve au deuxième plan de la photo de notre hôtelier : « hôtel de charme et de caractère » lit-on (ce qui est vrai !). Ne trouve-t-on pas là, dans cette mise en page, l’illustration même de ce qui ressemble fort à une situation de conflit d’intérêts ? Voici des élus (certains, pas tous, bien sûr) dont toute la politique est fondée sur le développement du tourisme (et quel tourisme ! Celui qui sacrifie le pays, j’y reviendrai un de ces jours) et qui professionnellement s’activent dans quel secteur économique ? Vous l’avez deviné : le tourisme. Et vive le consensus comme dirait notre hôtelier…
Heureusement, il semblerait que des femmes et des hommes de Souillac soient prêts à s’engager pour constituer une liste porteuse de valeurs éthiques et non pas sonnantes et trébuchantes. Je les soutiendrai ici et ailleurs.
A suivre…