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Billet de blog 14 novembre 2025

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Quand la quête de justice devienne au Tchad un délit pour les victimes

Depuis le 29 septembre 2025, l’affaire du meurtre du jeune Mahamat Zene Adam, tué par Dadi CHEGUE Chérif, fils d’un général appartenant à la famille régnante au Tchad, défraie la chronique dans le pays et la diaspora.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En effet, lors d’une dispute à Goudji aux encablures de Ndjaména, Dadi Chegue Chérif, fils d’un général et appartenant au clan au pouvoir, a tiré à balle réelle sur le jeune Mahamat Zene Adam, transféré à l’Hospital, il a succombé quelques jours de ses blessures.

Réunis autour des amis et des membres de sa famille éplorée, un comité a été mis sur place pour réclamer justice et exiger l’arrestation de l’auteur du meurtre. Malheureusement ni le Ministre de la Justice et des Droits Humains,  Youssouf  TOM, ni son collègue en charge de la sécurité, Ali Ahmat AKHBACH, n’ont parvenu à arrêter Dadi Chegue Chérif, libre de ses mouvements depuis son acte criminel.

La « dia », une compensation financière qui  divise

La revendication légitime de la famille de la victime à une justice impartiale contre l’auteur du crime, se heurte à un silence de cimetière de la part des autorités tchadiennes qui n’osent interpeller le meurtrier protégé à un haut lieu par ses proches.

C’est ainsi que des Généraux tout puissants au Tchad, ont proposé à la famille de Mahamat Zene Adam, la « Dia », une compensation financière, procédure irrégulière et non légale, pour résoudre, disent-ils à l’amiable une affaire aussi grave comme le meurtrier.

Réactions d’indignation dans l’opinion publique tchadienne

Pour la militante tchadienne, Tahani Adam Makki, elle rappelle sur sa page que : « l’article 302 du code pénal tchadien qualifie clairement l’homicide volontaire de meurtre, puni de quinze à trente ans d’emprisonnement ». Avant d’ajouter : « on peut « clore »cela par un simplement arrangement coutumier » clame-t-elle.

Même indignation du côté de l’Observatoire des Droits et Libertés au Tchad, une ong de défense des droits de l’homme : «  face à ces manœuvres qui mettent la justice tchadienne devant ses responsabilités et les plus hautes autorités  de la république sur la question de la justice , ODL, constate  un silence complice des autorités judiciaires qui ne peuvent pas faire valoir la loi face à ces individus qui se permettent le choix  de la manière de se faire ou se rendre justice » conclut dans un communiqué de presse l’organisation.

 C’est dans ce climat d’impunité et de quête de justice que Ali Kali Mahamat, porte-parole du comité de la communauté et son cousin, Mahamat Zene ADAM, ont échappé à Ndjaména, capitale ce jeudi 13 novembre 2025 à un kidnapping des individus encagoulés. Ils les avaient poursuivis à bord d’un véhicule non -immatriculé.

Ce banditisme d’Etat, témoigne au Tchad, la hiérarchisation de l’échelle sociale où la justice est aux ordres des oppresseurs contre les opprimés désormais exposés et vulnérabilisés.

Ce qu’il faut redouter face à cette culture d’impunité généralisée qui perdure que nous arriverons un jour où les citoyens tchadiens qui accumulent et endurent ces injustices récurrentes, seront obligés de se faire justice et ce qui ouvre les voies à toutes les violences meurtrières dans une société tchadienne dorénavant fragilisée, morcelée et divisée.

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