Le calendrier hébraïque affiche aujourd'hui "3 Tichri 5785". Les fêtes de Roch Hachana n'en ont pas vraiment été, en notre grégorienne année 2024. Plus exactement, elles ont été discrètes. Dépourvues de cette chaleur qui rassemble, bien plus authentiquement que le faux universalisme des J.O. ... Et ce, quelles que soient cultures et religions, si l'on s'en réclame. Ou plutôt, si l'on éprouve le besoin de s'en réclamer.
Le peuple juif ne s'identifie pas nécessairement à l'Eretz Israel de la Bible. Le retour à la terre originelle n'est pas pour lui désir plus vivace que celui de la diaspora bellevilloise de retrouver la caillasse d'une grève goémonée du Bro-Oueloù... ou la touffeur plus touristique d'Ha Long. Mais bien sûr, on se charge en son nom d'en faire le but de sa vie.
"L'état hébreu, c'est bibi"... "Si on nous attaque, nous attaquons"... "L'ennemi a commis une grave erreur", martèle obsessionnellement le discours de Benyamin Netanyahou. Digne du bambin le plus fort en gueule de la cour de récréation. Mais le chef d'état solipsiste parmi tant d'autres, est loin de n'être que ce mauvais histrion. Sa mégalomanie négationniste incline à l'amalgame dégoûté, et pousse à se taire les voix qu'il prétend porter. Dont la plupart ont encore la tonalité brisée par l'horreur perpétrée voici un an... et comment ne pas le comprendre?
Au nom des massacrés, cautionner d'autres crimes commandités contre l'humanité? Jamais, répond dans sa grande majorité cette part de mon entourage qui applique occasionnellement l'une ou l'autre des 613 Mitsvot (qui dit mieux?). Tout autant juive mais moins religieuse dans sa pratique, une autre exprime son rejet de l'avatar le plus meurtrier du sionisme révisionniste qu'on ait connu.
On aimerait voir le CRIF aussi intransigeant, lui si prompt à alerter sur l'antisémitisme latent de notre société. Quitte à le fantasmer, dans la mesure où ce sont les actes antisémites qui ont augmenté, pas le nombre de ceux qui les commettent. Ceux-là, d'autres leviers les mettent en action, favorisés par une facilité accrue de diffusion idéologique, et la tiédeur étatique face aux extrêmes s'ils sont droitiers.
En simple citoyen, athée aujourd'hui, agnostique demain, et béotien en matière d'histoire du judaïsme, je n'ai d'autre volonté ici que représenter... mon immeuble de logements sociaux du 19ème arrondissement parisien (qui vote hystériquement FI, monsieur Arfi), multiculturel et fier de l'être. Et "le 7 octobre" s'apprêtant à être re-disséqué, re-relaté, re-visionné jusqu'à la nausée, offert à un antagonisme voyeuriste qui ne mènera à rien, cet ultime billet le commérera à sa façon.
A cette date, mon père aurait eu 95 ans, s'il ne s'était planté dans son projet de vie. Le siècle moins cinq ans, ça l'aurait botté... comme on disait encore à la préhistoire. Et on avait conclu cet accord, quand nous avons fait connaissance. Papa se débrouillait pas trop mal avec les chiffres, mais surtout avec un sextant sur une passerelle (toujours la préhistoire). Il a disparu à 66 ans en 95, cinq ans avant ce siècle, cinq ans avant l'âge que j'ai aujourd'hui.
Sacrée confusion sémantique, non? Bon, c'est fait c'est fait, alors avec un peu d'avance... Bon anniversaire, Jeannot!