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Billet de blog 26 janvier 2024

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Spike Lee et la douzaine prodigieuse

De Nola Darling au fils de Sam... tri très sélectif.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je vais faire comme Freddy Klein, contributeur remarquable par sa capacité à encaisser avec aplomb et répliquer sans vulgarité. Et ne dirai que deux mots, légèrement sophistes, de sa supposée couleur politique. Les macronistes n'ont aucun humour ; donc monsieur Klein n'est pas macroniste...

Le blog dudit a le bon goût de s'aérer de quelques choix cinématographiques imparables. Comment faire mieux? Eurêka! En parlant de deux films dans un même billet. Reste encore à en parler bien.

Je les ai revus goulûment, à la chaîne, comme on cherche sa bouffée d'oxygène entre deux apnées mal maîtrisées sur le palier. L'expression est mal choisie, nonobstant j'assume. Ou alors, si vous préférez, comme on se jette à l'eau depuis le radeau sans savoir nager.

Car l'univers de Spike Lee est désopilant et oppressant. Pas en même temps, mais tour à tour. A la nuance près qu'on ne se relève pas de la seconde impression. Irrésistible, cette façon de poser le décor en quelques personnages bien campés, dans leur quotidien plus ou moins attrayant. Plutôt moins, au demeurant. Surnaturelle, une sensation physique de moiteur au fil des scènes. Et l'image saturée (que les professionnels de la profession me corrigent si je dis une connerie) ajoute alors au sentiment qu'il va se passer quelque chose d'effrayant.

Rien à voir avec les films d'horreur qui font rire. Pas de crescendo musical à la mords-moi le neurone (le noeud Rhône, on dit?) ; pas de jeune personne de sexe préféremment féminin, lardée puis éviscérée avant dépeçage, dont on retrouvera les restes sanguinolents dans un terrain vague à la lisière glauque entre BedStuy et Bushwick (miam). Quand la violence explose, elle... explose. Et les "characters" en lesquels on s'est reconnus précédemment se révèlent d'une noirceur que l'on qualifiera arbitrairement d'humaine.

Alors s'éparpille en puzzle la confortable ambiance bisounoursienne que l'on a cru percevoir au début. Voyez à quel point on est potes, et qu'est-ce qu'on vit bien ensemble, en se chambrant à la température idéale de 40 degrés, karlouches, ritals, rabzouz, borincanos, gaël-mheiriceánach (private joke), polaques, juifs (surtout pas de provocation sémantique!). Puis comment on sait allègrement se massacrer à dix contre un, toutes cultures et religions confondues...

Toutes proportions gardées, c'est l'atmosphère de notre club-house chéri. Et pour rester dans le ton de "Do the right thing" (1989) et "Summer of Sam" (1999), je propose que nous y nourrissions le fond sonore de la même excellence que leurs b.o. impeccables, et estampillées d'époque. Blues, jazz, rock, disco, funk, punk, rap, trap et j'en passe, Spike Lee a tout compris en 40 ans de carrière, et 26 de plus d'existence. Et l'a démontré en bien d'autres occasions que ces pures bombes espacées d'une décennie.

Mais de manière fort surprenante n'est-il point, la critique officielle n'a pas manqué d'alimenter la controverse à son sujet. Afin de s'autoriser par la suite à présenter le bonhomme comme "le réalisateur très controversé Spike Lee". Ce qui est un bon début pour un chroniqueur controversant... mais la suite se vautre généralement dans le poncif éculé.

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