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De nombreux enjeux sont sous-jacents à l’invasion de l’Ukraine qui se déroule actuellement. Si les questions géopolitiques et de ressources sont souvent mises au premier plan, il s’agit également d’une guerre qui enracine le pouvoir du Kremlin et sa mainmise sur la société russe. Vu de l’extérieur du moins, l’opposition d’une partie de la population russe à la guerre d’une part et au régime de Vladimir Poutine et de ses proches d’autre part, ne font qu’une. Le conflit en Tchétchénie, l’intervention russe en Syrie et la présence du groupe Wagner dans plusieurs pays africains sont aussi la marque, entre autres, de l’enracinement du pouvoir de Vladimir Poutine.
Pourquoi alors ne pas accorder systématiquement la protection temporaire et des permis de travail aux réfugié-e-s de Russie ? On sait que les Russes qui se trouvent déjà dans l’UE hésitent à rentrer dans leur pays. Pour certain-e-s, la décision est déjà prise de rester. Les personnes qui bénéficient d’un visa Schengen partent rejoindre leurs proches, s’ils en ont, dans d’autres pays européens. Le train entre St Petersbourg et la Finlande sert d’échappatoire à certain-e-s, qui ont déjà un visa ou ont investi des sommes très conséquentes pour obtenir un passeport étranger, maltais par exemple.
Alors qu’une fermeture de la frontière Finlande-Russie est parfois évoquée, d’autres Russes cherchent à traverser la frontière avec l’Estonie (voir ici un reportage d’Arte). Par ailleurs, la frontière avec la Lettonie est, pour sa part, en partie fermée par une clôture surmontée de barbelés. Cela alors que c’est le seul pays de l’UE dans lequel les citoyen-ne-s russes peuvent entrer sans visa.
Les vols étant suspendus entre la Russie et l’Europe, une porte de sortie importante pour les opposants politiques russes ou les victimes de la répression s’est fermée. Les conséquences des sanctions économiques sur la population pousseront forcément aussi certain-e-s personnes à l’exil. Un corollaire cohérent à ces sanctions serait donc l’accueil des opposants et exilés du régime russe, comme l’Union européenne le fait pour les Ukrainien-ne-s. Un tel accueil serait un levier supplémentaire contre l’invasion russe de l’Ukraine, et lui infligerait une délégitimation supplémentaire.