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Billet de blog 21 mai 2025

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Une biomascarade qui a trop duré

Une nouvelle méga enquête publique sur la centrale à biomasse à Gardanne/Meyreuil est en cours. « Nous sommes confrontés à un paradoxe : jamais on n’a autant parlé du climat, jamais il n’y a eu un engouement aussi fort pour les forêts et les arbres et, en même temps les forêts n’ont jamais été aussi menacées par le désir de lutter contre les changements climatiques ».

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C’était vrai il y a douze ans, ça l’est plus encore aujourd’hui, mais aujourd’hui les populations de la vaste zone concernée ont la possibilité d’exprimer leur rejet total de ce projet néfaste. À l’époque en 2012, l’entreprise allemande E. On avait tenté d’imposer en catimini une augmentation massive des coupes dans les forêts d’une vaste zone d’approvisionnement, sans aucune consultation. Aujourd’hui l’entreprise propriétaire actuelle, GazelEnergie, a été contrainte de lancer une enquête publique complémentaire dans 324 communes situées dans 16 départements et trois régions qui doit statuer sur les impacts directs et indirects du fonctionnement de cette centrale, surtout sur les forêts et sur le bilan carbone.

Un rappel historique

C’est un mauvais feuilleton qui nous occupe depuis 2012, l’année où la centrale à charbon à Gardanne/Meyreuil a été achetée par l’entreprise allemande E. On qui annonçait son projet d’en convertir une partie, le Groupe 4, à la biomasse. Créée en 1953, cette centrale thermique avait une certaine logique, car elle était située à proximité d’une mine de charbon. Une logique qui n’existe plus lorsqu’il s’agit de faire transporter des centaines de milliers de tonnes de bois issu de coupes dans des forêts dans un rayon de 400 km autour de Gardanne, et même dans des pays aussi lointains que le Brésil.

Au début, les seul·es citoyen·nes à contester ce méga-projet faisaient partie de plusieurs associations écologiques locales. Elles avaient réalisé un travail d’analyse et d’interpellation considérable, mais arrivaient difficilement à s’imposer dans une zone marquée par la conviction qu’il fallait à tout prix sauvegarder des emplois. Ce n’est qu’à l’automne 2013 que les citoyen·nes et les élu·es de la région de la Haute-Provence /Alpes du Sud et également des Cévennes apprenaient que leurs territoires avaient été désignés par E.On « zones d’approvisionnement prioritaire » pour du « bois forestier ».

Face à cette découverte inquiétante, iels ont commencé à se rendre compte de l’énormité des conséquences néfastes que ce projet aurait pour les forêts de la région. Des collectifs furent créés dans les Cévennes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Bouches-du-Rhône et dans le Var. De très nombreuses collectivités réagirent avec une rapidité et une unanimité remarquables, en adoptant des motions exprimant leur ferme opposition contre cette conversion à la biomasse. Dix communautés de communes, deux Conseils Généraux (04 et 05), deux Parcs Naturels Régionaux (Luberon et Baronnies), la Réserve de Biosphère Luberon-Lure et environ une centaine de communes votèrent de telles motions.

La contestation a finalement eu un impact. Alarmés par cette colère citoyenne, début 2015 les services de l’Etat ont contraint E.On à augmenter le niveau de ses importations1. Il était de plus en plus évident que la « solution » à long terme serait d’importer les énormes quantités de bois requises pour satisfaire l’engouement moderne pour le bois-énergie industriel. C’est déjà le choix d’un pays tel que le Royaume-Uni. Cela va totalement à l’encontre des déclarations du gouvernement français qui insiste sur l’importance de l’indépendance énergétique. La conséquence perverse est de contribuer à la déforestation, déjà catastrophique, de nombreux pays lointains, tout cela pour une centrale nullement écologique.

L’enquête publique menée en juillet-août 2012 n’avait concerné que quelques communes dans un rayon de 3 km autour de la centrale. Plusieurs associations écologiques locales et régionales ont porté cette affaire devant la justice, en arguant qu’il fallait étendre cette enquête à toute la zone géographique impactée. Déjà, en juin 2017, le tribunal administratif de Marseille leur avait donné raison et a suspendu l’autorisation d’exploitation. Le mois suivant, le préfet accordait une « autorisation provisoire » et ce feuilleton judiciaire a continué avec moult soubresauts jusqu’en mars 2023. Le Conseil d’État a annulé de nouveau l’autorisation et en novembre la Cour Administratif d’Appel a rejeté l’appel déposé par GazelEnergie et demandé l’organisation d’une enquête publique élargie dans un délai maximal de 12 mois.

Cette enquête publique se déroule du 5 mai au 6 juin 2025, avec plusieurs réunions publiques dans les différents départements concernés.

Pollutions et dangers pour la santé publique

Cette nouvelle enquête « complémentaire » se concentre sur les impacts indirects dans les zones forestières. Il faut cependant rappeler que, dès la première enquête locale en 2012, il y avait largement assez de griefs pour empêcher l’autorisation de la conversion.

Depuis le début, des associations telles que l’Association de Lutte contre les Nuisances et la Pollution (ALNP) et Convergence Ecologique du Pays de Gardanne (CEPG) dénoncent un bilan catastrophique en ce qui concerne la pollution et le bruit insupportable pour les riverain·es. Rappelons que cette centrale se trouve en pleine zone urbanisée, avec au moins 10.000 habitant·es dans un rayon d’un km. Les mégacentrales à biomasse représentent une très grave menace pour la santé publique à cause de leurs émissions de particules fines, de dioxines, de poussières de bois…2

A Gardanne, de nombreux riverain·es se plaignent depuis des années des fortes nuisances sonores provoquées jour et nuit par la centrale. Le bruit est particulièrement fort et dérangeant lors des arrêts et des remises en route de la combustion des plaquettes. Or, le nouveau contrat entre l’État et l’entreprise signé le 26 novembre 20243 prévoit une production pendant 4000 heures/an, au lieu des 7500 heures initialement convenues avec E.On. Cette production intermittente aura comme conséquence des arrêts et des remises en route plus fréquents.

Il y a également le problème du rejet d’une grande quantité d’eau utilisée par la centrale qui impactera la nappe phréatique et les rivières qui se jettent dans l’étang de Berre.

Se rajoute l’énorme augmentation de circulation de camions sur les routes autour de Gardanne, et plus largement dans toute la zone d’approvisionnement, avec un fort impact sur les routes, sur les ponts dans les zones rurales, la réparation des dégâts étant à la charge des communes.

L’impact sur les forêts

On peut avoir de sérieuses doutes que les réponses et les données apportées dans les documents fournis par GazelEnergie permettent de mener correctement cette enquête publique. Le jugement du 10 novembre 2023 de la Cour Administratif d’Appel précise que : « le préfet des Bouches-du-Rhône devra enjoindre à l’exploitant de compléter l’étude d’impact sur la question tenant aux effets indirects de l’approvisionnement en bois de la centrale de Provence, sur le bilan carbone, ainsi que l’étude d’incidence Natura 2000. L’étude d’impact devra indiquer la liste de tous les massifs forestiers locaux ou régionaux situés en France et concernés par cet approvisionnement et préciser, notamment, leur localisation, les quantités utilisées, les essences de bois concernées, les natures de coupe réalisées ainsi que les impacts sur ces massifs en termes de paysages, de milieux naturels et d’équilibres biologiques. »

Or, les informations sur la localisation, la nature, l’étendu de chaque coupe dans cette immense territoire sont extrêmement floues, et ceci sur une période de huit ans. Comment les citoyen·nes et les élu·es pourraient réagir lorsqu’iels ne connaissent pas précisément l’impact prévisible sur les forêts de leur commune ? Il est même loin d’être certain que les coupes seront limitées aux 324 communes couvertes par l’enquête.

Depuis 2012, des associations et experts contestent fortement les estimations de la ressource forestière disponible. Rappelons que la centrale de Provence n’est pas le seul consommateur de volumes massifs de bois. Il y a également l’usine de pâte à papier « Fibre Excellence » à Tarascon qui consomme presque la moitié du bois récolté dans la région, et deux autres grandes centrales à biomasse à Brignoles et à Pierrelatte. Ajoutons encore les nombreuses chaufferies de taille modeste mises en place par des collectivités locales qui auront bien du mal à trouver le bois dont elles ont besoin à un prix raisonnable.

Dans le nouveau contrat signé entre l’État et GazelEnergie en novembre 2024, la consommation a été revue à la baisse, avec une réduction de 850.000 à 450.000 tonnes de bois, dont 60 % devrait venir des forêts « locales » (dans un rayon de 250 km), 33 % serait importé de l’Espagne, de l’Italie et du Brésil, avec encore 7 % de déchets bois.

En décembre 2024, l’Autorité environnementale (AE) a rendu un avis très critique4. Selon Gilles Croquette de l’AE, « GazelEnergie se base sur des données anciennes concernant l’évolution des forêts. Le bois énergie est employé dans des volumes très importants, avec une évolution de la forêt qui n’est pas favorable ». La forêt est en train de « perdre sa capacité à produire de la biomasse »5.

Selon Richard Fay, retraité de l’ONF et habitant des Alpes-de-Haute-Provence, « le volume de bois disponible est surévalué. Selon le rapport de l’Ademe de mai 2013, en zone méditerranéenne 326.261 ménages auto-consomment 1,19 millions m³ de bois pour le chauffage domestique. Ce volume échappe à l’enquête annuelle de branche d’activité exploitation forestière du ministère de l’Agriculture »6.

Plus loin, il constate « qu’au mieux, le fonctionnement de la centrale risque de conduire à prélever intégralement l’accroissement du capital bois, et/ou cet approvisionnement impactera les autres activités de la filière. Ou bien qu’ensemble les besoins des industriels de la filière risquent d’entamer le capital bois. Prélever le volume d’accroissement de la biomasse aura pour effet de figer la forêt dans ses dimensions actuelles, alors qu’il faudrait au contraire accroître ce puits de carbone terrestre, pour décarboner l’atmosphère ».

Importations de bois-énergie

Selon les prévisions de GazelEnergie, 150.000 tonnes de bois importées seront brûlées chaque année. On évoque l’Espagne (85.000 tonnes), l’Italie (5000 tonnes) et le Brésil, où il s’agit d’environ 60.000 tonnes d’eucalyptus prélevées par des coupes rases sur des rotations très courtes, de 7 à 9 ans. L’impact écologique calamiteux est déjà bien documenté. Un documentaire « Sur le front des forêts » sur France 2 a montré comment de telles plantations au Brésil sont traitées avec des pesticides ultra toxiques. Même si l’on ne peut pas affirmer que les plantations coupées pour la centrale sont traitées avec ces pesticides, il semble que ce soit une pratique courante dans la zone.

L’une des motivations des autorités françaises pour le maintien de cette centrale à biomasse est le besoin d’assurer l’emploi, non seulement à la centrale même, mais aussi dans le port de Fos, suite à la réduction d’importations de charbon avec l’arrêt du Groupe 5, la centrale à charbon non convertie à la biomasse. Il est inacceptable de chercher à pallier cette situation, en favorisant l’importation de plaquettes pour un projet industriel tout sauf écologique.

Les certifications PEFC et FSC que GazelEnergie met en avant comme garanties ne peuvent pas nous rassurer. Pour le bois coupé en France, l’entreprise s’engage à ce qu’il soit certifié PEFC. Or, selon Jean-Luc Debard du CEPG, en France les coupes sont insuffisamment contrôlées et elles n’empêchent pas les coupes rases. Lors de la concertation sur le projet de Hynovera à Gardanne en octobre 2022, Christian Salvignol, président de PEFC PACA, a été incapable de dire combien de contrôles étaient faits par an ou par hectare coupé.

Le bois importé du Brésil est certifié FSC. Il faut cependant savoir qu’il y a deux catégories de certification FSC. Il y a, d’une part, « FSC Controlled Wood » qui n’offre que très peu de garantie sur la sylviculture ou sur l’impact sur l’écosystème. Il certifie que la coupe est légale et qu’elle ne provoque pas de dommages pour les populations locales. D’autre part, il y a la certification « FSC Forest Management » qui est plus exigeante. Dans le cas du bois exporté pour la centrale, il s’agit de « FSC Controlled Wood ».

Une électricité décarbonée ?

Dans ses brochures diffusées lors des réunions publiques, GazelEnergie annonce qu’elle va « Produire de l’électricité décarbonée – la biomasse, une solution privilégiée pour la transition énergétique ». Cela est faux pour plusieurs raisons.

Dans son étude commandée par GazelEnergie, le cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie bas carbone, Carbone 4, indique que l’impact carbone de la combustion de biomasse est neutre pour les forêts françaises car elle est compensée par l’accroissement forestier. « Pour l’approvisionnement en France, les émissions de CO2 liées à la combustion peuvent ne pas être comptées avec un haut niveau de confiance, l’accroissement forestier étant globalement supérieur au prélèvement ».

Selon Richard Fay, « La plus grosse partie des émissions carbone est masquée, le vrai bilan est désastreux. Estimer nulle la combustion de la biomasse est faux. (…) En reprenant l'hypothèse de l'étude d'impact, il faudra 40 ans pour que la combustion de 450.000 m³ par an de bois devienne ‘neutrecar 40 ans correspondent au cycle pour revenir sur les premières parcelles et pour couper le bois qui aura repoussé . Et pendant ce laps de temps, la centrale aura déstocké 9,3 millions de tonnes de CO2 ».

C’est le fameux mythe de la neutralité carbone contre lequel des ONG telles que Fern à Bruxelles ou Biofuelwatch en Grande-Bretagne, ainsi que des milliers de scientifiques se battent depuis des années. Déjà en 2011, dans son rapport « De biomasse à… biomascarade », Greenpeace Canada, a démonté l’argument largement relayé par l’industrie et par certains gouvernements que « la combustion de biomasse est bonne pour le climat parce qu’elle est carboneutre, c’est-à-dire que ses émissions de gaz à effet de serre (GES) sont nulles ».

Pour Greenpeace, « la combustion de biomasse émet d’immenses quantités de CO2 tandis que l’extraction de biomasse perturbe les réserves forestières de carbone. La bioénergie forestière entraîne des conséquences climatiques sur des décennies, voire plus d’un siècle après la combustion, jusqu’à ce que le carbone émis soit recapté. » (…) « Le concept ‘carboneutre’ entraîne selon plusieurs chercheurs une importante erreur de la comptabilité du carbone et un nombre croissant d’études reconnaît l’inexactitude de la ‘carboneutralité’ et l’urgence d’en corriger les nombreuses failles ». Selon Greenpeace Canada, c’est vrai pour au moins cinq raisons :

  • « Les arbres qui sont coupés auraient continué à capter du carbone de l’atmosphère pendant plusieurs années si laissés debout. La coupe et l’extraction de biomasse court-circuitent le cycle du carbone.
  • Il faut plusieurs décennies, même des siècles, pour que les forêts se régénèrent et recapturent le CO2 qui a été relâché d’un seul coup lors de la combustion. L’importance de ce délai de recapture est souligné par les nouveaux travaux du GIEC sur les énergies renouvelables.
  • Les émissions indirectes en provenance de la récolte de biomasse forestière (l’érosion, la décomposition accélérée, etc.) réduisent encore plus les réservoirs forestiers de carbone, tandis que les pertes en nutriments et en carbone ralentissent la régénération.
  • Le carbone de la biomasse forestière reste dans les forêts intactes pendant des décennies, même pendant la décomposition. Une grande partie de ce carbone est recyclée dans le sol, ce qui permet à la prochaine génération d’arbres de mieux séquestrer le carbone de l’air, alors que le reste est relâché très lentement.
  • De grandes quantités d’énergies sont nécessaires pour extraire, transformer, sécher et transporter la biomasse, ce qui ajoute à l’empreinte climatique globale de la bioénergie forestière.

En plus, avec le changement climatique qui s’accélère, nous n’avons tout simplement pas le temps d’attendre des décennies pour atteindre cette fameuse neutralité carbone. Ce n’est pas à cause du fait que l’Union européenne fait la grande erreur de perpétuer ce mythe qu’il faut l’accepter de la part de GazelEnergie.

Emissions fossiles toujours

Une autre réalité invalide aussi la revendication d’une production décarbonée. Le mix de combustibles brûlé dans cette centrale « à biomasse » prévoit depuis le début environ 15 % de charbon ou des «produits cendreux de récupération »7. Le choix technique (« lit fluidisé »8) ne marche qu’avec cet apport de charbon. Dans le plan d’approvisionnement 2023-2025, il était prévu de brûler 100’000 tonnes de charbon9. On peut même calculer que la centrale à biomasse brûle plus de charbon que cette même centrale lorsqu’elle ne brûlait que du charbon, car historiquement la centrale fonctionnait seulement quelques semaines par an, lors de pics de consommation.

D’autre part, la production intermittente prévue par le contrat avec l’État nécessitera de nombreux arrêts et remises en route de la combustion. Chaque démarrage a besoin de l’apport de gaz ou de fioul. Selon l’avis de l’Autorité environnementale de décembre 2024, les émissions fossiles de la centrale s’élèvent à 234 kg de CO2 par megawattheure, soit une quantité « quatre fois supérieure à la moyenne nationale ». Si l’on inclut les quantités de CO2 générées par la combustion du bois, le site émet en réalité seize fois plus que la moyenne nationale.

L’AE précise encore que l’électricité produite par la centrale sera 8 fois plus carbonée que les parcs photovoltaïques et 23 fois plus que l’éolien. Selon le rapporteur de l’AE, «on reste effectivement dans une énergie carbonée. (…) C’est l’aspect qui nous soucie le plus. On a là une production qui n’améliore pas le bilan CO2 de l’électricité française ».

Gaspillage de l’argent public pour un rendement minable

Voilà un autre scandale. Depuis le début, le modèle économique des différentes entreprises propriétaires de la centrale10 dépend fortement de subventions publiques accordées par le gouvernement. Ce sont les contribuables français qui permettent aujourd’hui à GazelEnergie de mener une affaire rentable. Selon Olivier Beuret, président de l’ALNP, « c’est astronomique au regard de l’efficacité de la centrale ». Le prix d’achat de l’électricité est environ quatre fois le prix du marché, c’est à dire entre 250 et 260 euros le mégawattheure. Cela représente une subvention annuelle de 800 millions d’euros, soit 274.000€ par jour.

Selon le gouvernement, il est nécessaire d’assurer le fonctionnement de la centrale qui se trouve dans une région avec une production insuffisante d’électricité. Et pourtant, le fait que la centrale n’a pas tourné pendant toute l’année 2024 n’a pas provoqué de problèmes. RTE a récemment même dû interrompre à 13 reprises la production électrique d’éoliennes et de parcs photovoltaïques, car il y avait une surproduction en France.

Selon GazelEnergie, le rendement énergétique de la centrale est de 23 %, ce qui est ridiculement faible, dû surtout au fait qu’il n’y a pas de cogénération (valorisation de la chaleur produite lors de la combustion). Plus de sept arbres sur dix brûlés dans la centrale ne feront que chauffer l’atmosphère et polluer l’environnement.

Conclusion

Il faut profiter de cette occasion offerte par une enquête publique couvrant le vaste territoire visé par l’appétit de GazelEnergie pour déclarer haut et fort notre rejet absolu de ce projet industriel. Celui-ci réussit à réunir un nombre impressionnant d’éléments nuisibles, dont une partie seulement est présentée dans cet article. C’est le travail patient et déterminé des associations qui ont porté les recours qui ont contraint l’entreprise à se soumettre à cette enquête. A chacun·e de nous maintenant d’enfoncer le clou et de faire en sorte que cette aberration écologique et économique soit bannie pour toujours.

1Dans le contrat entre l’État et E.On signé en 2012, il était prévu que pendant 10 ans, 50 % de l’approvisionnement pourrait être importé. Après cette période, la centrale ne devrait plus importer de bois.

2«Combustion du bois dans les centrales électriques : Impacts sur la santé publique» Biofuelwatch, publié en septembre 2014. Voir également le dossier « Halte à la biomascarade », publié en février 2015 par le Collectif SOS Forêt du Sud, qui inclut un chapitre sur la pollution et les dangers pour la santé publique : https://sosforetdusud.wordpress.com/wp-content/uploads/2014/11/dossier-gardanne-fc3a9vrier-2015-leger-def.pdf

3Ce contrat n’a jamais été rendu public, ce qui n’est pas normal ou transparent dans le contexte d’une telle enquête publique. Des associations ont insisté auprès des commissaires enquêteurs qu’il soit divulgué.

4Cet avis a été commandé par le préfet de région.

5Cité dans l’article du 5 mai 2025 d’Aïda Delpuech dans Mediapart.

6Note rédigée le 7 mai.

7Dans l’étude d’impact initiale de 2012, ces restes de l’exploitation des mines de charbon des Cévennes et du Dauphiné étaient dénommés du « charbon cendreux ».

8Une technologie coréenne qui consiste à brûler les plaquettes de bois qui volent sous la pression de l’air envoyé au-dessus d’un lit de braises de charbon. Au démarrage et en cas de difficultés il faut allumer des centrales annexes au fioul et au gaz.

9Selon l’article de Pierre Isnard-Dupuy publié le 16 mai dans Reporterre, jusqu’à 10 % du combustible de la centrale est constitué de charbon importé d’Afrique du Sud.

10E.On, Uniper et enfin GazelEnergie.

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