Francois Fillon a déclaré hier :
«Personne n'a le droit, je dis bien personne, n'a le droit de juger du contenu du travail des attachés parlementaires, personne, sauf le député. Le député est seul maître de son recrutement, du niveau de salaire, dans la limite de l'enveloppe destinée à payer les collaborateurs parlementaires. Il est seul maître du contenu du travail. Il est le seul maître du lieu et des horaires de travail. En raison de la séparation des pouvoirs, personne n'a le droit de contrôler ce travail. La justice a le droit de contrôler qu'il y a un contrat de travail. Elle a le droit de contrôler qu'il y a un travail effectif. Elle n'a pas le droit de porter de jugement sur le contenu du travail.»
C'est presque malgré moi, que je suis de loin en loin, depuis quelques semaines, les épisodes de la saga Fillon.....
Je sais aujourd'hui pourquoi.
Je suis psychologue clinicienne dans la région Rhône Alpes.
Je viens d'écouter la conférence de presse donnée par François Fillon, toujours presque malgré moi.
Et je suis en colère. De cette colère qui fraternise, elle aussi malgré elle, avec le désespoir, si elle ne peut trouver sa place dans la révolte.
Que nous dit- il, sans susciter le moindre éclat ?! Que certaines fonctions au sein de notre pauvre État n’auraient à justifier de rien ni à personne du contenu de leur travail…
Si le contexte n’était pas celui que nous savons, il serait presque heureux de l'entendre dire, au sujet des fonctions de l'attaché parlementaire : « Ce métier est fait de tout un tas d'actions modestes souvent accomplies par le collaborateur parlementaire dans l'ombre, parfois seul et qui peuvent paraître anodines à certains, mais qui sont indispensables à la démocratie locale. »
Je suis psychologue clinicienne, engagée délibérément au sein de la fonction publique hospitalière, il y a près de 20 ans.
C'est tout aussi délibérément que j'ai fait le choix, il y a bientôt 3 ans, de me libérer de cet engagement pour exercer en libéral, sous la pression des nécessités entêtantes des injonctions de justification (temps passé auprès d'un patient, accueil de sa famille, coups de fil passés, voire temps passé à écrire, penser… Qui sait ? Peut-être même à rêver!)
Qu'en pensent nos infirmières, sommées de se justifier du moindre temps passé au chevet d'un patient ? Qu'en pensent tous ceux qui se sont engagés dans la fonction publique par conviction ? Qu'en pensent nos médecins, nos enseignants, nos éducateurs, nos artistes ? J'en oublie assurément, de ces acteurs de notre vivre-ensemble, sommés de valider le bien-fondé de leur pratique professionnelle, dont il est maintenant accepté, sans discussion… qu'elle doit être évaluée?
Joséphine C.