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Acteur culturel, auteur, après avoir fondé et animé Cassandre/Horschamp, Nicolas Roméas fait aujourd'hui partie de l'équipe de bénévoles du site L'Insatiable (www.linsatiable.org) en tant que rédacteur en chef. Il participe également à la nouvelle revue L'Insatiable papier.

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Billet de blog 13 février 2016

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Que dites-vous ? Je rêve !

Comment ça ? Que dites-vous ? Je rêve ! À un an d'une élection majeure, aucune organisation politique ne mentionne clairement dans ses priorités (1) l'importance des enjeux portés par ce qu'on appelle «culture» dans ce pays ? En France (c'est-à-dire, aussi, en Europe) ? Pourtant il me semble bien qu'en Italie Matteo Renzi a dit quelque chose de plutôt sensé à ce sujet, il n'y a pas si longtemps…

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Depuis le temps que, les uns et les autres, on s'échine à en rappeler le caractère fondamental, à prendre pour exemple les combats incompris de René Dumont et de ses amis, il y a une cinquantaine d'année, faisant apparaître cette chose inconnue alors et connue de tous aujourd'hui qu'on appelle l'écologie, vous savez… Depuis le temps qu'on s'épuise à rappeler, au risque de radoter, que sauver la planète est un objectif louable, mais que combattre pour la défense d'un être humain digne de ce nom (et par conséquent des outils immatériels qui servent à le construire) est, peut-être, au moins aussi crucial…

Depuis le temps que nos meilleurs philosophes2 alertent les «politiques» sur les menaces que font peser cette désastreuse absence… Vous voulez rire, c'est impossible. Inimaginable. Moi qui ai un peu entendu parler de l'histoire de ce pays, de ses combats depuis des siècles, de ses penseurs aux temps de ce qu'on appela les «Lumières», de l'importance qu'il donna, après les massacres de deux guerres mondiales, au théâtre, aux arts vivants, aux arts en général, de l'invention de cette sublime utopie nommée «Éducation populaire», en un mot de la mise en application, comme ce fut fait dans fort peu de pays, de l'art en tant qu'outil de société, je ne peux pas croire que ce soit vrai. Vous dites ça pour me faire de la peine !

Mais vous insistez, vous dites que je ne me suis pas bien tenu au courant, que je n'ai pas suivi, qu'on a laissé tombé l'essentiel depuis pas mal de temps, qu'on est en voie d'américanisation avancée, voire pire encore, que l'être humain tel que nous le concevons est une notion dépassée, que nous entrons inéluctablement dans l'ère transhumaniste, que la seule chose qui compte désormais est de répondre aux critères d'une société de producteurs/consommateurs. Une société où tout se mesure en chiffres et où l'imaginaire n'est plus qu'un «encombrant» dont il faut se débarrasser fissa. Alors, si c'est vrai…

Alors, si c'est vrai, si vous ne me mentez pas - mais vous connaissant je ne le pense pas -, alors c'est l'occasion. Car, non, je ne rêve pas, vous avez raison, ils s'en foutent complètement. Ou plutôt non, c'est bien plus grave ! C'est leur principal adversaire, puisque c'est le vecteur par où l'intelligence et l'émotion, en se reliant, font de nous des humains. Des humains à part entière qui n'accepteront jamais d'en être réduits à l'état de machines à consommer et produire. Nous faisons donc face, avouons-le, à un obstacle de taille. Et vous connaissez ma philosophie, je crois à l'utilité de l'obstacle… La difficulté doit être un moteur, si elle sert à quelque chose c'est à nous propulser, à nous aider à faire ce pas devant lequel on hésiterait, à faire exploser des barrières qu'en temps normal on n'oserait franchir.

Alors il faut absolument qu'on en parle. Maintenant. Et il faut que ceux qui ne se parlent pas (ou plus) se rapprochent les uns des autres, que tous ceux qui sont engagés dans l'ordre du symbolique, qui connaissent les enjeux profonds de cette guerre (de moins en moins) invisible dans laquelle nous sommes embringués, tous ceux qui ne sont pas décidés à se laisser cloîtrer et asphyxier sous la domination du chiffre se retrouvent, échangent, et peut-être, pour certains d'entre eux, se regroupent et agissent ensemble. S'il est bien vrai que les organisations dites politiques ne s'occupent pas (ou plus) de l'essentiel, alors il faut créer un mouvement pour porter ça. On ne peut pas hésiter. C'est ce qu'on vous propose de faire, le 23 avril 2016, au Théâtre de l'Épée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes.

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Le 23 avril au Théâtre de l'Épée de bois

Danseurs, philosophes, linguistes, architectes, plasticiens, conteurs, marionnettistes, sociologues, psychanalystes, photographes, bibliothécaires, rêveurs, journalistes, clowns, comédiens, éditeurs, anthropologues, historiens et chercheurs de tous poils, poètes, chanteurs, professeurs, libraires, musiciens, magiciens, cinéastes, griots, jardiniers inventifs, écrivains, étudiants, chamanes, ethnologues, arpenteurs de l'invisible, amateurs et professionnels, et vous lecteurs, et vous qu'on relègue à la catégorie de spectateurs, tous ceux qui sont embarqués avec sincérité dans ce bateau qu'on appelle «culture» et qui ne supportent pas qu'on le saborde sans réagir, c'est le moment. Sortez de votre coquille, de vos jargons, de vos chapelles, de vos corporatismes, de vos égos, de votre timidité, sortez-en pour une fois et venez parler ensemble, ou dire avec votre langage, venez faire connaissance et construire un mouvement. Faisons connaissance. C'est, comme on dit, le moment ou jamais.

 1- Il est vrai qu'aucune organisation politique française ne propose encore à ce jour de vrai programme en dehors du PG qui dans le sien évoque (un peu rapidement) la culture. Mais on voit bien qu'en dehors de ce parti, la question n'est pas prise en considération par les «grands» partis et en particulier ceux qu'on appelle «de gouvernement» !  Et il est facile à comprendre que même s'ils la mentionnaient par la suite dans des déclarations ou dans leur programme officiel, ça ne serait pas pour aller à l'inverse, dans la réalité, de ce qu'ils font, là où ils ont déjà le pouvoir…

2 - Comme par exemple Marie-José Mondzain.
 
Ou Jacques Rancière

Ou encore Bernard Stiegler.

http://www.horschamp.org/spip.php?article4530

Rencontre Art/Culture/Société

Réservez dès aujourd’hui votre journée du 23 avril…
resa (at) horschamp.org

Comment inventer ensemble un avenir ? Débattre, échanger des idées, rencontrer des acteurs culturels et artistiques avec lesquels mener des actions, rechercher ensemble des solutions pour l’avenir et construire de nouveaux outils.

Une journée de réflexion commune organisée par plusieurs partenaires au Théâtre de l’Épée de bois (Cartoucherie de Vincennes) avec de nombreux intervenants et ouverte au public. Le 23 avril 2016, du début de l’après-midi au soir (Pour ceux qui désirent parler concrètement de l’avenir de la revue et de ses projets ce sera à partir de 15h et les rencontres ouvertes au public démarreront à 18h jusqu’à environ 23h). Cette journée sera une occasion de se retrouver pour débattre autour des différentes questions regroupées sous le vocable « culture » et que nous préférons nommer « outils du symbolique », leurs implications dans le fonctionnement de la société contemporaine et l’absence de prise en compte de ces questions par les « politiques ».

La discussion couvrira un champ très vaste, de l’édition à l’ensemble des pratiques de l’art en passant par les domaines de l’éducation et de la psychiatrie. Toutes les informations sur les partenaires, les thèmes et les horaires précis seront communiqués très prochainement.

Inscriptions : resa (at) horschamp.org

Si vous souhaitez aider à l’organisation de cette journée, n’hésitez pas à nous écrire à diffusion (at) horschamp.org

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