C’est dans le cours de la guerre d’Algérie, en 1960, que Jean-Marie Le Pen a été accusé de torture dans un livre que j’ai édité, La Pacification de Hafid Keramane. Sous le titre : Les activités d’un parlementaire français, Le Pen député à Paris… tortionnaire à Alger, des faits de torture dirigés par Le Pen, en 1957 à la Villa des Roses, 74, Boulevard Galliéni, à El Biar y sont rapportés.
Le 4 juillet 1984, Jean-Marie Le Pen, élu au parlement européen, Le Canard Enchaïné publie le texte accusateur édité dans La Pacification. Jean-Marie Le Pen porte plainte contre Le Canard Enchaîné pour diffamation envers particulier. Lors du procès a été produit en justice le témoignage confirmant les faits rapportés dans La Pacification concernant Ali Roucahi Cherki, dit Dahmane. Le 15 avril 1985, la 17e Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris relaxe, sans peine ni dépens, Roger Freissoz, directeur du journal et jugeant irrecevable la plainte de Jean-Marie Le Pen, elle le condamne aux frais et dépens.
Le recours à la torture comme moyen de guerre et méthode pour obtenir des informations a été conceptualisé et théorisé comme doctrine de la « guerre révolutionnaire et contre-révolutionnaire » dès 1953. Elle est officiellement enseignée dans les écoles militaires en 1955 et, en 1957, sous couvert des autorités politiques, appliquée systématiquement comme système dans la guerre d’Algérie, notamment lors de la bataille d’Alger.
Jean-Marie Le Pen n’a pas théorisé ni conceptualisé la doctrine de la guerre révolutionnaire et contre-révolutionnaire, il ne l’a pas enseignée, il n’a pas pris la décision d’y avoir recours comme système lors de la guerre d’Algérie, Jean-Marie Le Pen, lieutenant dans le 1er régiment étranger de parachutistes, a été un exécutant.
Comme exécutant, a-t-il tourné la gégène, utilisé la baignoire, employé la pendaison, fait usage de la flagellation, eut recours au chalumeau… ? De tels faits, durant la guerre d’Algérie, sont avérés. Qu’en est-il dans le cas particulier du lieutenant Le Pen ? Ce qui est certain, il a publiquement reconnu le 24 mai 1957, après son retour d’Algérie, « l’efficacité » de la torture et ultérieurement qu’elle était « une nécessité » lors des interrogatoires. En janvier et février 1957, comme officier de renseignement, Jean-Marie Le Pen a procédé en Algérie à des interrogatoires et celui qui interroge, au même titre que celui qui frappe, asphyxie, étrangle, passe l’électricité… est un tortionnaire.