De nos jours, il n'est pas rare de séjourner dans des hôtels en travaux. Vous réservez, vous arrivez - Tiens des ouvriers dans le hall ! Tiens, des bâches de protection dans les couloirs, l'ascenseur et l'escalier ! Tiens, la réceptionniste a un sourire jaune et des cernes bleues ! Tiens, derrière, l'homme à tête de Boss feint de s'affairer (à ranger des trucs et des machins) pour ne pas vous regarder ! Tiens, un très léger voile de poussière dans ma chambre à quatre-vingt euros, petit déjeuner à onze en chambre et neuf en bas. Bon, c'est déjà le soir. Tout est calme. Vous flânez ou travaillez un peu tard, vous tentez de profiter, voire de jouir, de ce temps un peu suspendu, de ces parenthèses dans nos quotidiens que peuvent être des jours et des nuits d'hôtel plus ou moins loin de chez soi, bref, vous vous sentez un peu libre, un peu inquiet(e), presque en joie. Vous vous réveillez au cœur de la nuit, un journal sur le visage, lumière allumée, vous le repoussez, éteignez et retournez aussitôt vers le pays des rêves, vous plongez dans ses foules de fantômes et ses forêts de frayeurs d'où vous êtes brutalement expulsé(e) à huit heures du matin par une perceuse ou une scie circulaire ou bien encore un marteau piqueur derrière votre tête de lit. Bon le petit déj, ce n'est pas pour les deux euros, mais ça va être en bas et, au passage, vous glissez au visage jaune et bleu que vous auriez aimé être prévenu(e), lors de la réservation. Et dans votre dos, l'autre qui feint de s'affairer à transporter des trucs et des machins vous lance - "Oui, c'est exact, Monsieur, mais la nuit, c'est calme." La France a peur, je vous dis. Mais de quoi ?
Billet de blog 1 avril 2011
Lundi 28 mars, Peur sur la France
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