Lundi 31 janvier, De l'eau pour le Louvre !

Le succès du Louvre ne se dément pas. C'est fou le nombre de gens que l'on peut y croiser. Sans doute attirés par quelque chose de difficile à définir, mille millions de gens y entrent, à longueur d'années, pour s'y promener et y emplir la mémoire de leurs appareils photos d'images d'oeuvres sans leur accorder le moindre regard. Tout le monde a pu remarquer cela depuis longtemps. Je continue, cependant, à en être captivé et étonné. Comme pour le bruit. Il faut s'enfoncer parfois très loin dans le bâtiment pour trouver - non pas du silence - mais au moins un peu de calme. En ce lundi, on ne se bouscule pas chez Poussin ou chez De La Tour. Une classe tendue dans l'effort de comprendre ce que raconte une vieille jeune femme en cardigan peluché, deux japonais (ils ne sont jamais seuls les japonais) qui cherchent la Joconde, une famille nombreuse de péruviens (les quatre enfants sont en costume traditionnel) qui écoute, bien sage, un guide particulier, une italienne et son bébé - Guarda Silvio, com'è bella questa Madonna, guarda... Casquette américaine, visière sur la nuque, lunettes noires sur le haut du front, bagues, bracelets, colliers, des fins, des moins fins, or, argent, corail, deux tétines (verte et rouge), l'accroche tétines, caméscope, téléphone à l'oreille - No, ti dico che non ti posso parlare subito. Siamo al museo, capisci ciò che ti dico ? E il tuo figlio non guarda niente, niente, sono stanca... Ciao amore, ciao... Bref, ce n'est quand même pas la cohue. Ce qu'il y a de bien au Louvre, c'est qu'il n'y pas de musique d'ambiance. Comme à Monoprix. Il est vrai qu'à Monoprix, cela pourrait perturber la concentration silencieuse dont nous avons besoin pour comparer les prix, traquer les promotions, scruter les compositions des produits et réfléchir à tout cela bien tranquillement. Tandis qu'au Louvre, est-ce qu'une "petite musique d'ameublement" n'apaiserait pas les troubles causés par la présence de tant de chefs d'oeuvre - des sons légers d'eau qui coule, par exemple, comme ceux que l'on entendait au 13è siècle en Orient dans les asiles de fous...