On dirait que presque tous les commerçants qui se sont installés aux Batignolles (Paris) depuis dix ans concourent au jeu de la boutique la plus régressive. Mode pour nouveaux-nés, meubles pour filles, prêt-à-porter pour princesses, vélo en vitrine...
À propos du vélo, anecdote véridique. J'entre.
- Bonjour, excusez-moi de vous déranger (deux jeunes chevelus boudeurs devant leurs écrans), vous le vendez le vélo ?
- Non, pas vraiment.
- Euh, c'est-à-dire... vous le vendez ou vous ne le vendez pas ?
- On sait pas, on hésite encore.
Retour à liste: ... Produits corses de luxe (prix de la charcuterie aux 100 g), Sucres d'orge du monde entier, United colors of Macarons, Fleurs d'ailleurs, Poissons de là-bas, Cafés nostalgie, cuisine japonaise familiale, moins familiale, amicale, authentique, chinoise (contrefaite), laines du Tibet, Spécialités froumagères, Bouchons... Bref, comment les départager ? Il y a un an encore, Nous hésitions encore entre Meubles pour filles et Sugar baby world quand a ouvert le dernier concept food bar du bas de la rue des Batignolles: Le Club des Cinq. Vu du dehors (j'ai peur que l'on me voie y entrer et qu'on le raconte à ma mère): murs couverts de 45 tours seventies, Statue de Babar à l'entrée, Oui-oui partout, Bibliothèque verte et rose entre les tables... Je préfère préciser (sans ironie) que ce n'est pas un lieu destiné spécialement aux enfants. Et j'ajouterai l'information finalement de loin la plus inquiétante: c'est souvent plein (d'adultes).