En réponse à son appel au "boycott du tourisme en Corse".
Corsoises, Corsois ! J'ai désormais un rêve. Aghju un'sognu. I have a dream ! Faire un tour de Corse avec B.H.L. Nous partirions d'ici, d'Ajaccio, à l'aube d'une de nos longues et belles journées de juin quand toute notre si belle Nature est dans sa force. Les arbres en fruits, les genêts en jaune, les plaines en épis. Le chant des cigales, le bêlement des brebis et l'odeur des fruits mûrs nous bercera et nous enivrera tendrement. La mer chantera, la brise de notre golfe jouera de la flûte en soufflant dans les pins tandis que les nèfles chuteront, lourdes d'amour, et que le soleil, épris de tant de beauté, voudra dévoiler toute chose. Et lui, l'homme de tous les combats, de tous les défis, de toutes les audaces (Souvenez-vous: Sarajevo, Tripoli, Benghazi, Kigali, Le Caire... pour ne parler que de ses élans les plus récents), lui, disais-je, s'étant laissé couronner d'une branche de laurier et d'une peau de sanglier dans l'ombre d'un olivier trois fois centenaire et dans celle - ô combien parfumée - d'une pyramide de feuilletés aux blettes, aux oignons et au brocciu, lui, dis-je, nous entretiendra d'un souci nouveau. Je ne suis pas ici, nous dira-t-il probablement pour vous chanter des chansons d'amour ou pour vous promettre d'attaquer l'empire Austro-hongrois comme l'auraient fait deux de vos illustres prédécesseurs... Oui, c'est sans aucun doute ainsi qu'il commencera par nous parler, et nous, séduits, aguichés, attirés par ces pyramides de feuilletés et luttant, tout à la fois, pour les ignorer, malgré les vagues successives du désir qui nous prendra d'en goûter au moins un, nous l'écouterons à peine (occupés à nous lancer des nèfles). Car nous savons qu'il ne lui faudra que quelques heures pour succomber au charme de la beauté légendaire de nos rivages, de nos eaux turquoises et poissonneuses, de nos douces collines boisées de mille millions d'espèces végétales et peuplées d'innombrables espèces animales et de nos fières petites montagnes qui nous en promettent de bien plus hautes, coiffées de neiges éternelles. Car nous nous réjouirons de l'imaginer réaliser soudain qu'il aura sous les yeux ce qu'avaient les dinosaures (ou les premiers hominiens bipèdes aux cerveau de six cent centimètres cubes mais cependant capables de former des outils, des armes et des abris). Et bien que nous n'ayons jamais rien produit de remarquable (au regard de ce qu'ont réalisé tous les autres peuples de la Méditerranée), nous l'inviterons à éprouver la joie et simple et paisible d'être entouré de rires d'enfants, d'un drille léger, de chiens qui se battent, de poules qui caquettent, de l'air résigné et compréhensif de nos épouses, de leur beauté un peu lasse et de la splendeur des poitrines de nos jeunes filles. Tout un ensemble, tout un tableau, propre à lui suggérer que notre île n'a pas de tradition qui l'honore davantage et qui soit aussi digne d'être jalousement protégée que celle de son hospitalité. Hospitalité ?