Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
En ce lundi matin ensoleillé de Pâques, dans le parc Martin Luther King à Paris, nous trottinons en rond dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. Contre le temps. Tout est calme. Les chantiers attenants sont au repos. Leurs ouvriers aussi - en grande partie des arabes et des noirs (qui continuent donc comme depuis cinquante ans à construire la France). Assise à l'ombre près du plan d'eau - forêts de joncs, nénuphars, canards - une toute petite dame très âgée semble regarder un arbre, des massifs de buissons savamment composés et des parterres d'herbes folles. Essoufflés, suants et rougis, nous passons et repassons devant et derrière elle, impassible dans une petite veste de laine grise, un vieux jean retroussé, baskets noires, sac en bandoulière et couronnée d'une simple et somptueuse crinière blanche. Elle a l'air d'avoir entre quatre-vingt dix et cent ans. Vient un moment où elle n'est plus là. Le soleil a pris sa place. L'arbre, les buissons et l'herbe folle en sont comme abandonnés. Une nuée d'abeilles bourdonne. Je la cherche et la retrouve en route sur trois pattes mais d'un bon pas pour un grand tour du parc qu'elle accomplira dans le sens des aiguilles d'une montre. Avec le temps.
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