Comptoir du bar PMU, angle rue des Dames, rue Lécluse, Paris XVII, 7h40.
Rémi:
- Putain de radar, tu l'crois. J'roulais tranquille à 120 dans sa roue. On arrive sur Saint-Cloud, le mec y ralentit vachement. Y pile pas mais presque. Mais qu'est-ce ki fout ce con, j'me dis et crac, le flash ! C'est sûr le mec, il avait son détecteur perso. Putain, y veulent nous saigner là ou quoi.
Monsieur Lì, le patron (En dix ans, dans le quartier, tous les Auvergnats ont vendu leurs cafés aux Chinois):
- Ça, ki veulent nous saigner, c'est pas d'aujourd'hui.
Dans l'ombre de Rémi, Rachid, attablé au téléphone:
- Ouais, c'est moi Rachid. Il est pas venu le type, le type là, avec les cheveux blancs ?
Temps.
- Attends, moi je vais venir l'attendre et je vais lui parler.
Rémi:
- Du coup, j'ai pilé moi aussi et le mec derrière, crac ! Le flash ! Et l'autre encore derrière, crac et crac et crac... À un moment, deux flashes en une seconde ! Vous vous rendez compte ! Deux flashes par seconde ! C'matin, j'vous dis, y s'font les couilles en or à Saint-Cloud.
Rachid:
- C'est combien le café ?
Monsieur Lì:
- Un quatre vingt.
(Je ne sais pas chez vous mais chez moi - dans mon quartier - c'est fou les augmentations que subissent les tasses de café quand on les déplace - soi-même - du comptoir à une table. Même éloignés d'un mètre. De quatre à six francs cinquante, oui, c'est fou).
Rachid pose des pièces sur le comptoir et sort.
En un bond, Monsieur Lì est dehors.
- Eh, c'est 1,80, pas 1,70 !!!
Rachid tend la pièce manquante à Monsieur Lì.
Rémi:
- Pas folle, la guêpe.