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Billet de blog 8 août 2011

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Vendredi 15 juillet, à Bastia, on a frôlé le drame?

L'autre jour à Bastia, "on a frôlé le drame" nous dit Corse-Matin, le quotidien préféré des Corses. Que s'est-il passé ? Dans la Cité des Pléiades à Montesoro, quartier sud de la ville, un homme excédé par des enfants qui jouaient au bas de son immeuble s'est mis à leur gueuler dessus.

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L'autre jour à Bastia, "on a frôlé le drame" nous dit Corse-Matin, le quotidien préféré des Corses. Que s'est-il passé ? Dans la Cité des Pléiades à Montesoro, quartier sud de la ville, un homme excédé par des enfants qui jouaient au bas de son immeuble s'est mis à leur gueuler dessus. Montesoro l'été, c'est un film de Pasolini dans les faubourgs de Rome colorisé et sous Prozac (Ce qui est un peu le cas de toute la Corse où vous avez quasiment tous les types de personnages que vous trouvez en Italie, mais un peu éteints. Même si la consommation d'anti-dépresseurs a explosé en Italie, comme dans tout le monde occidental, ces vingt dernières années). À trois pas, des hommes jouent aux boules (pétanque) dont le père d'un des enfants. La température locale qui avoisine déjà les trente degrés monte d'un cran. Una parola pighja l'altra / une parole prend l'autre, comme nous l'a raconté un certain Zézé le lendemain au comptoir du bar qui se trouve au dessus de Notre Dame des Victoires à Lupinu, on en vient aux mains, ou probablement même aux poings, car traumatisme crânien pour l'énervé qui remonte et redescend de chez lui, armé d'un fusil de chasse et fait feu sur le briseur de son crâne transporté très vite à l'hôpital dans un état grave. Mais il va s'en sortir, parce qu'il l'a pris un peu de biais, nous précise Zézé, perchè se l'avessi pighjatu di faccia, un' si nè surtìa micca / parce que s'il l'avait pris de face, il ne s'en serait pas sorti, ajoute-t-il encore en retenant un soupir les yeux d'un coup grands ouverts. Què ghj'è l'estate, i calori / ça c'est l'été, les chaleurs, commente un certain Kiki, édenté, chauve et dévoré de varices. Non, soutient Zézé, le type qui a tiré, il avait fait un arrêt cardiaque cet hiver et il devait se reposer, rester à la maison, e tutte e ghjurnate in casa, a sai cume e. Incu a moglie sempr'adossu / et tous les jours enfermé à la maison, tu sais comment ça se passe. Avec la femme sur le dos. Bref, heureusement que Zézé est là pour nous raconter quelque chose. Car le journal nous relate les faits bien sûr mais enfin ce ne sont que des faits. Énervement, cris, disputes, insultes, coups, blessures, coups de feu, sirènes de pompiers, police - le tout devant des enfants qui avaient juste envie de jouer, de rire et d'échapper peut-être un peu à leurs réalités, et Corse-Matin donc: "On a frôlé le drame". Je comprends, moi, On a frôlé le pire. Parce que si tout ce qui s'est passé n'est pas dramatique, alors qu'est-ce que c'est ?

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