Vendredi 24 juin, Bastia Cambodge

Lorsqu'à neuf heures trente, le troisième jour de l'été, vous vous apprêtez à régler la note de vos courses chez Monoprix et que vous réalisez que vous avez oublié chez vous votre carte client qui vous offre les sept euros de la livraison, si vous avez grandi comme moi dans les quartiers les plus pauvres de Bastia, vous pouvez être pris d'un désarroi, certes léger mais néanmoins sournois. Mais si vous avez devant vous une caissière aux yeux bridés qui fait dix ans de plus que son âge en raison d'une enfance passée (peut-être) dans un des quartiers les plus pauvres d'une mégapole asiatique (qui s'en souvient et qui vous le dit), vous aurez (comme je l'ai eu) probablement la chance de vous voir offrir ces sept euros. Et en un instant aussi bref que celui de la lecture d'un haïku, votre matinée s'en trouvera toute illuminée.