Mardi 19 juillet, Dans le village de Jean Nicoli

Je voue une grande admiration au résistant communiste corse de la dernière guerre, Jean Nicoli (1899-1943). Parti instituteur de la République au Mali dans les années '20 pour y passer (par intermittences) près de dix ans, il y découvrira ce qu'est la Colonisation. Son journal d'Afrique témoigne (entre autres réflexions et observations) de sa découverte des injustices faites aux autochtones, de l'éveil de sa conscience politique, de ce qu'il entreprend pour les défendre et les soutenir. Retour en France, passage rapide au S.F.I.O., entre ensuite au Parti Communiste - écrits anti-fascistes - démobilisé en mai 40, il n'accepte évidemment pas la défaite et l'armistice, revient en Corse, y organise et prend la direction du maquis communiste. Arrêté par les fascistes italiens à l'été 43, il est condamné à mort et exécuté le 30 août dans des conditions qui restent encore aujourd'hui mystérieuses. On rend à la famille un corps sauvagement décapité. Sa dernière nuit, il la passe à écrire. Au crayon, sur des papiers d'emballage et des bouts de feuilles, il parle de la douceur de la mort qui approche, tente de rassurer les vivants, il imagine une banque communiste, expose son engagement, sa "joie" de mourir pour "le Parti et pour la Corse" et ses derniers mots (à 4h30) vont à ses enfants auxquels il demande de ne pas pleurer et de ne jamais baisser les yeux face aux fascistes. Il est enterré dans son village natal, San-Gavinu di Carbini (Corse-du-Sud) où une stèle bien placée nous le rappelle chaque jour. De ce que je peux dire de ce village où j'ai passé quelques jours en juillet, c'est que c'est un beau village de montagne, entouré de très belles forêts, cerné de paysages exceptionnels - aiguilles de Bavella - et qu'à chaque élection, on y vote massivement à droite et beaucoup pour le Front National - c'est-à-dire pour les nouveaux fascistes.