Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Au pied d'un des immeubles les plus délabrés du quartier des Salines à Ajaccio, une dizaine d'enfants jouent sur une dalle de béton crevée et trop étroite.
Vélos, skate-boards, ballons.
- Comment ça va ?
- Ça va, monsieur, mais on n'a rien pour jouer. Ici, on n'a pas la place et on n'a pas de terrain.
- Et le stade à côté… Et aux Cannes… Et en ville…
- À côté y'a rien et en ville, on n'a pas le droit d'y aller.
- Comment ça pas le droit ?
- Les parents y z'y vont jamais et y nous interdisent. Alors on joue ici mais les gens, y nous crient dessus… Y disent qu'on fait du bruit… Comment tu t'appelles, monsieur.
- Noël. Et toi ?
- Moi Samir.
- Moi Mohammed. Lui, c'est Mustapha. Devine quel âge il a, lui, Mustapha.
- Trois ans.
- Deux ans et demi.
- Et toi, comment tu t'appelles ?
- Moi Hassan.
- Moi Malik.
- Moi Hassan aussi. On est trois Hassan dans l'immeuble. Et lui, Madjid, il dessine toujours l'amour. Regardez monsieur.
Madjid (cinq ans), accroupi au bord du béton, dessine dans le gravier avec un bâton.
- Là, c'est un garçon, monsieur. Jean-Pierre. Et ça, c'est une fille. Malika. Et le cœur au milieu, c'est l'amour.
- Pour toi, qu'est-ce que c'est l'amour, Madjid ?
Grand sourire de Madjid qui se relève en secouant la poussière de son pantalon de treillis et de son vieux sweat-shirt.
- Je sais pas monsieur. Promis, je sais pas. Je suis trop petit.
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