À l’heure où celui qui, autrefois nous menaçait d’un coup de boule à la récré pour l’avoir regardé de biais deux secondes de trop, peut de nos jours s’empoisonner l’esprit en bas de chez lui avant d’aller se le pourrir au Yemen ou en Syrie et revenir nous mettre une balle dans la tête, mieux vaut adopter la position de celui qu’on estime être, en football, le premier attaquant et le dernier défenseur – celle du gardien de but. D’abord, parce que comme le disait ma grand-mère bastiaise, Antoinette Casale – C’est le poste où on use le moins ses chaussures – et ensuite, parce que comme le disait Albert Camus – C’est une très bonne école de vie car on ne sait jamais par où le ballon va arriver. Face à bon nombre de débats et d’évènements qui agitent actuellement nos positions et minent nos élans, il en est un que le pape François II (à Rome, François I, c’est Francesco Totti, le capitaine de la Roma) a fini par trancher hier matin à 9h30 en la Chapelle Sixtine, sous les fresques de Michel-Ange. À la maman d’un nouveau-né qui réclamait avec force le sein de sa mère, le Pape a dit – Voi, mamme, date a i vostri figli il latte – anche adesso. Se piangono per fame, allattateli, tranquille / Vous, les mamans, donnez le sein (le lait) à vos enfants – même maintenant. Si la faim les fait pleurer, allaitez-les, tranquilles. En une phrase, une seule, Francesco II a rendu justice à cette maman anglaise qui, il y a à peine un mois (souvenons-nous), avait commencé à allaiter son bébé dans le salon de thé de l’hôtel 5 étoiles Claridge avant de se voir « inviter » fermement à aller dévoiler son sein à l’abri des regards (la dépêche de l’A.F.P. ne dit rien « des regards ») et à cette autre qui, il y a deux ans à Madrid (souvenons-nous), avait été éloignée du Musée du Prado pour les mêmes raisons. À propos de lait, et en ce jour des obsèques romaines d’Anita Ekberg, souvenons-nous (décidément) de ce personnage du docteur (de vertu) Antonio Mazzuolo joué par Peppino De Filippo qui, dans Boccace ’70 de Fellini, devient fou de se voir placardé devant ses fenêtres l’image immense d’Anita alanguie, décolletée et scandaleuse pour une publicité de lait dont la chanson - Bevete più latte, il latte fa bene / Buvez plus de lait, le lait fait du bien - enchante toute l’Italie et contribue au délire du docteur. À propos de docteurs de vertu, de belles filles et de seins « que l’on ne saurait voir », on peut regarder sur internet une vidéo où le président égyptien Nasser raconte à une foule de ministres et de députés une histoire qui lui semble incroyable. Il leur dit qu’en 1953, souhaitant collaborer avec les Frères Musulmans, il a reçu un de leurs responsables qui lui a demandé d’imposer le port du voile obligatoire à toutes les Égyptiennes. La foule rigole. Nasser pouffe et continue. Il dit s’être assuré que ce responsable avait bien une fille, qu’elle faisait de bonnes études et que, si sa mémoire est bonne, elle ne portait pas le voile. Le « Frère » confirme. Ça rigole de plus en plus. Et Nasser de conclure, dans une tempête de rires – Alors je lui ai dit, toi, tu as une fille, tu n’arrives pas à la voiler et tu veux que moi, je fasse porter le voile à dix millions d’Égyptiennes !
Bien, puisque nous en sommes là (à garder les cages) et que nous ne pouvons que constater que The times, they are changing, citons pour finir ce que Dylan avait répondu à J.F. Kennedy qui lui demandait – Cher Bob, que nous faudrait-il pour aller mieux ?
- Brigitte Bardot, Anita Ekberg et Sophia Loren.