Elle a beau être notre sujet de conversation préféré et on aura beau dire - la Corse ci, la Corse là - en dehors de Napoléon 1er, aucun Corse n'a marqué l'histoire du monde. Nous avons bien sûr notre Panthéon. Des chevaliers de la légion d'honneur s'y bousculent, des croix de guerre et des médaillés de la Résistance, nous n'en manquons pas, un footballeur y jongle pour l'éternité, nos truands d'après guerre y sont entrés depuis peu, d'autres patientent (mais nos tueurs actuels qui tirent à tort et à travers ont peu de chances d'y figurer un jour - quoique). Le Père de notre éternellement jeune Nation Corse doit y ruminer encore ses illusions perdues et notre illustre chanteur de charme doit y animer de drôles de soirées entre hommes. Bref, au vu d'un phénomène qui est, je crois, propre à la Corse, il semblerait que nous n'en soyons pas très satisfaits. Quel est ce phénomène ? Depuis une trentaine d'années, nous tentons régulièrement de transformer en Corses de grands hommes qui ne sont pas corses. Exemple le plus célèbre (et non des moindres): Christophe Colomb. Vous le pensiez Génois ? Oh, que vous êtes mal informés. Il est de Calvi. Sa maison natale s'y trouve encore. Vous pensiez que Othello - le général Maure fou de jalousie - était issu des lectures, des rêveries et du talent de Shakespeare ? Vous n'avez donc jamais entendu parler de Sampieru Corsu, général Corse au service du roi de France et assassin de sa femme ? Le grand William s'est inspiré de sa vie. Plus près de nous, le colonel Kadhafi - oui, oui, Kadhafi - serait d'origine corse. Je vous passe la démonstration poussive qui faisait encore l'actualité locale il y a peu (un aviateur corse tombé dans le désert et recueilli par une princesse bédouine). Un jour, dans les colonnes de Libé, un de nos plus vieux et respectables hommes politiques se comparait volontiers à Mandela, Gandhi ou Martin Luther King. La Constitution de l'éphémère Nation Corse du 18è siècle aurait inspiré celle des États-Unis d'Amérique. Bref, un Corse a découvert l'Amérique, un autre lui a appris la démocratie, le théâtre élisabéthain ne serait pas tout à fait le même sans nous (un jour, j'ai même entendu que la dernière pièce de Shakespeare - La Tempête - se déroule au "large du Cap Corse"), et les fantômes de quelques géants du siècle dernier siègeraient dans l'Olympe de certains de nos combats politiques.Bien et à part ça ? À part ça, on dit aussi que les anciens Grecs appelaient la Corse "La plus belle". Mais là, nous n'y sommes pas pour grand-chose.
Billet de blog 13 mars 2011
Mercredi 9 mars, La plus belle, disaient dèjà les Grecs ?
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.