Vendredi 8 avril, Corse, la comédie

Ça alors ! L'intérieur de la cathédrale d'Ajaccio pour nous vanter et nous vendre la Corse ! L'image revient toutes les cinq secondes sur un panneau publicitaire de l'aéroport d'Orly. Voûte, fresques, clair obscur, rai de lumière oblique et, avec pour seul commentaire, une indication de lieu et de temps (février 2010), il est certain que l'on cherche ici à nous signaler au moins trois choses. Primo: Sa présence ailleurs que dans nos eaux turquoises et nos montagnes aux cimes coiffées de neiges éternelles. Secundo: une sorte de promesse de calme, de recueillement et de spiritualité. Tertio: qu'il y aurait en Corse un patrimoine (religieux, architectural, artistique...) comparable à celui de nos voisins italiens, espagnols, arabes, grecs (pour ne parler que des plus proches). Le problème avec un film de pub, disait Godard, c'est que si ça dure plus de trente secondes, on risque de dire la vérité. Alors pour ce cliché, imaginons une seconde que l'on pointe l'objectif à hauteur d'homme (sans pour autant prétendre dire La Vérité). Ce que nous appelons à Ajaccio une cathédrale est une église qui, au vu par exemple d'une cathédrale gothique, en serait une annexe. Sortons de là pour faire quelques pas au soleil ou prenons un verre sur la terrasse du café d'en face où cet hiver deux Russes aux crânes rasés et aux bras comme des cuisses se foutaient ostensiblement de la gueule de tout le monde. Pour la vie tranquille, comme me le disait récemment un adolescent d'Ajaccio - Oui, on est tranquille en Corse, on est tranquille, on devient fou, je vous jure, Monsieur, que ça rend fou, cette tranquillité. Quant au patrimoine, ce qui est drôle en Corse, ce n'est pas qu'il soit pauvre, c'est que l'on tente de nous faire croire qu'il ne l'est pas. Alors qu'il y aurait peut-être (mais ce n'est là qu'une suggestion) quelques chose à faire de cette pauvreté. Alors, la Corse, terre de Comédie ? Bon, et Dieu dans tout ça ? Mais on dit que Dieu ne joue pas la comédie.