Jeudi 30 juin, Forza Moretti ! Viva Miller !

Dans le deuxième partie de son film Journal intime, Nanni Moretti voyage avec un ami dans les îles Lipari et découvre que chacune d'elles abrite une population particulière. À Stromboli, des gens méfiants, à côté, des Hédonistes, un peu plus loin, des enfants rois. Nous pouvons, nous aussi, rencontrer ce type de situations si nous réservons en ligne les chambres d'hôtels de nos vacances. Ainsi, si vous êtes célibataire et que vous choisissez l'option "hôtel de charme" avec un budget moyen (50-100 €), disons en Italie, vous risquez fort, non pas de vous plonger ravi dans des flots bleus ou béat dans la fraîcheur des musées romains, mais dans une dépression propre à vous gâcher la digestion du basilic à la mozzarella. Voyons ce matin la "breakfast room" de notre charmant petit hôtel plein de charme niché au fond d'une impasse charmante dans l'un des plus charmants quartiers romains qui borde les charmantes rives du Tibre à trois pas et demi de la charmante Villa Borghese... Huit couples ! Et huit garçons au supplice ! Et pourquoi donc ? Parce que - comme il est fort impoli de lorgner sur la femme de son voisin, chaque garçon doit téter son croissant à la crème en s'efforçant de regarder (vaguement) le plafond ou (tristement) le sol. Car porter ici et maintenant son regard à hauteur d'homme revient inévitablement à croiser, tôt ou tard, celui d'une femme (les gays ont leurs adresses) ou (si vous n'êtes pas seul) celui de votre aimée dans lequel Henry Miller nous incitait à "plonger tout entier". Il nous en promettait la découverte de mondes insoupçonnés, d'océans magiques, de jouissances féeriques.