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Billet de blog 16 janvier 2015

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Toutankhamon à Rome

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il se passe à Rome des choses inimaginables à Paris. Nous étions deux l’autre soir attablés chez Marcello dans San Lorenzo, quartier qui ne figure dans aucun guide – donc populaire et vivant – et où l’on vous répond sans la moindre hésitation lorsque vous y demandez – Dove si mangia bene quì ? / Où est-ce qu’on mange bien ici ? – Guarda, non cerca, vai da Marcello /Regarde, te casse pas la tête, va chez Marcello.

Nous y sommes. Entourés de Romaines et de Romains du quartier - puisque selon les Italiens, l’Italien se pense et se meut d’abord chez lui, puis dans sa rue, son quartier, sa ville, éventuellement, dans une péninsule appelée depuis 150 ans Italie… et ainsi de suite… mouvement de pensée et de perception du monde qui, dixit Deleuze (Gilles), est typique des gens de droite, contrairement à ceux de gauche… etc… - bref, sauf à vouloir se former le jugement et le cœur autrement que par le hors-série spécial Les secrets de Rome du Figaro Madame, les touristes et les Romains qui ne vivent pas à San Lorenzo n’ont aucune raison ou envie d’y aller. Eh bien, ils ont tort. Cette honorable maison de famille fondée en 1961 est toujours pleine de gens qui semblent sortis tout droit de leurs tonneaux pour demander aux puissants de la Terre de s’écarter de leur soleil. On se parle d’une table à l’autre, de cuisine, de vin, de Rome, de filles et de ragazzi, de football (de la Roma, pas de la Lazio …), de la vie, quoi… autour d’une bonne bouteille comme celle que j’estimai particulièrement bonne ce soir-là, un Montepulciano d’Abruzzo 2010, mais qui s’est malheureusement révélée d’un goût si déroutant qu’elle m’en parut bouchonnée. Deux verres bus, Marcello nous la changea et la suivante, rebelote. Soit c’était la caisse, soit c’était ce vin. Déception parce qu’après que les artichauts (carcioffi) alla romana les mezze maniche caccio e peppe m’eussent  réconcilié avec une bonne partie de l’humanité et que j’étais disposé à l’indulgence avec l’autre partie, j’aurais voulu retourner ensuite à trois pas de là où, grâce l’ouverture au public d’ateliers d’artistes, s’était formée une densité de belles filles et de beaux gosses au mètre carré absolument exceptionnelle. Mais - et ça y est, nous y sommes – quand au moment de régler ma note, je vis que Marcello n’avait compté aucune des deux bouteilles, je songeai à Toutankhamon, pharaon à dix ans, mort à dix-huit et par là-même privé de jeux d’enfants, de felouques miniature et de promenades matinales le long du Nil mais je ne saurais pas dire pourquoi.

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