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Billet de blog 17 avril 2011

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Lundi 11 avril, Marseille, fantômes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Marseille en mars. Souvenir de ma dernière promenade sur les quais de la Joliette et d'Arenc avant d’embarquer pour la Corse.

Gros cargos triplement amarrés et fermés par des marins en grève. Vastes espaces vides, hangars à l’abandon, rails rouillés, poussière. Regarder ça et revoir (comme dans les films sentimentaux) les gens et les bateaux qui étaient là quand j'y travaillais, il y a trente ans. Un vieux marin breton que l’on devait toujours attendre au moment d’appareiller. Un taxi finissait par débouler et lui par sortir sa carcasse gigantesque recousue de tous côtés par les médecins militaires d'Indochine et d'Algérie. Un grand tas d’os et de barbaque gorgée de pastis qui montait à bord à quatre pattes en hurlant qu’il n’en avait rien à foutre des bateaux, des marins, des capitaines, des armateurs, des femmes, de l’argent, des Corses et des Marseillais, de la Méditerranée qui n’était qu’un "lac pourri" et des putes de Djibouti et d’Aden. Un jeune marié marseillais, lèvres fines et longs cils soyeux qui nous disait tous les soirs en plissant les yeux - Ma femme, elle le sait, le premier coup, c’est pour moi,le second c’est pour elle… Cet autre marseillais, vieux divorcé, qui prétendait avoir embrassé tous les parrains de la ville - histoires invraisemblables qui l’occupaient des heures entières… Un jour, un jeune de la région qui en avait assez de l'entendre se vanter lui avait donné un coup de tête. Comme ça, juste après lui avoir dit que ça le "gonflait" (d'entendre ces histoires à dormir debout). Durant des escales, ce même jeune homme et ses amis se livraient à quelques ratonnades dans les quartiers du port. J'ai revu l'un d'eux récemment. Triple menton, bedaine, crâne d'oeuf, dentier Sécu et apparemment content de lui et de sa pré-retraite - Tu as vu ces quartiers, ce que c'est devenu ? Tu sais à notre époque, à la Joliette, tu voyais pas un arabe. Avec B., on te les chopait et on te les sortait à coups de pied au cul. Je lui demande comment va B. Il m'apprend qu'il est mort. Mais de quoi ? - C'est son fils, son fils n'allait pas très bien. Il a été assassiné pendant son sommeil par son fils.

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