noël casale (avatar)

noël casale

Abonné·e de Mediapart

280 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 février 2011

noël casale (avatar)

noël casale

Abonné·e de Mediapart

Jeudi 17 février, Fonder un nouveau pays

noël casale (avatar)

noël casale

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je propose de fonder un nouveau pays: La Qualitédevie. Son territoire s'étendrait de Saint-Malo à Grenoble et engloberait la Bretagne, la côte Atlantique jusqu'à la frontière espagnole, tout le Sud Ouest - Périgord et Pyrénées inclus - le golfe du Lion, littoral et arrière-pays compris, la Provence (sans Marseille), la Côte d'Azur, la Corse (enfin intégrée à un ensemble géo-affectif cohérent), toutes les Alpes, et la ville aux deux fleuves et ancienne capitale des Gaules, Lyon. Car enfin, qu'entend-on à voyager, à séjourner par ces villes et ces villages ? Quel est le refrain repris, ici et là, entre des couplets qui nous chantent les vertus et les merveilles de ces rivages, de ces campagnes, de ces alpages, de ces mille traditions, de cet art de vivre ensemble ? Quels sont les mots qui viennent spontanément à l'esprit de ces gens qui peuplent toutes ces contrées lorsqu'ils vous parlent d'eux ? Mais oui, vous l'avez sans doute déjà entendu: "-Et puis ici, on a une telle qualité de vie... "- points de suspension qui en disent long. Ces mots indiquent implicitement qu'on ne peut pas en dire autant ailleurs. En effet, vous n'entendrez jamais quelqu'un dire cela à Clermont-Ferrand, Dunkerque, Guéret, Mons ou Avesnes-sur-Helpe (malgré l'arrivée d'une étape d'un vieux Tour de France dont tout le monde se souvient et pour cause). Et Paris alors, qu'est-ce qu'on en fait ? Ah Paris ! Paris est aux yeux des Qualitédeviens - je propose ce néologisme pour nommer les habitants de mon nouveau pays car leur hymne pourrait être Viens, viens,viens à Juan-les-Pins, viens, viens, viens, y'a tous les copains ou, sur l'air de La Californie que bêlait Julien Clerc, La Qualitéd'vie - mais Paris, disais-je. Dites le mot Paris à Saint-Antonin Noble Val, à Venosc, à Vaison la Romaine, à Calvi, au Pouldu - "Les parisiens ? Les pauvres, ils ne se rendent pas compte, ils n'ont pas assez de recul..." - parfois vous entendrez un adjectif on ne peut plus lapidaire "Infâme", "Horrible", "Affreux"... Et ainsi de suite. Notre drapeau portera les couleurs de l'océan, du ciel du sud, des neiges éternelles, du soleil et sera frappé en son centre d'un bouquet d'immortelles. Notre capitale en sera incontestablement Ajaccio. Car à Ajaccio, la qualité de vie est aux yeux de ses habitants (Ajacciens) comparable à nulle autre. "Je préfère manger des oursins chez moi que du caviar ailleurs, à la limite du béluga, et encore"- voilà ce que pourrait être la devise de notre future capitale. Son blason ? Un oursin délicatement enlacé par les ramures d'une branche de corail. On peut écouter un Breton se réjouir de ses monts sacrés, un Biarrot vanter les déferlantes des rivages de son pays, un Toulousain chanter le rose de sa maison natale, un Biterrois ou un Toulonnais exalter l'ovalie, un Niçois promouvoir le tourisme aristocratique ou la tourte de pois chiches, un Provençal vous rappeler Giono, un Grenoblois vous enseigner l'art d'esquiver une avalanche mais aucun d'eux ne pourra rivaliser avec tous les critères propres à former la qualité de vie dont vous parlera un Ajaccien. "À Ajaccio,tout est lumière", disait Matisse. La mer, souveraine, trône en un golfe protégé des vents fous (dont souffre Bastia) par des montagnes enneigées jusqu'au printemps. De sorte qu'en mai, vous diront-ils, vous nagerez tranquillement dans le bleu de la mer et du ciel en contemplant les cimes couronnées d'or blanc. Ajaccio calme comme nulle autre ville. Les gens ont pour habitude de tout y entreprendre avec lenteur, rient volontiers mais ne dansent pas. Découvrir Ajaccio, c'est se souvenirque parmi toutes les activités humaines, aucune n'est plus euphorisante que celle qui consiste à se promener. Dans presque toute la ville, c'est un spectacle que l'on peut voir tous les jours. Et pour des gens qui apprécient de tout entreprendre tranquillement et de papoter en souriant, se promener consiste essentiellement à faire quelques pas au soleil sans but précis. Bref, à se dégourdir les jambes. Quant à se promener, se promener vraiment, c'est une autre affaire. Mais vous y verrez aussi des gens (surtout des hommes) qui ont l'air de se promener vraiment, les mains croisées dans le dos ou dans les poches. On dirait des lions. Leurs regards, leurs attitudes, et leurs gestes ne semblent jamais se limiter à la présence d'un éventuel interlocuteur, d'un vieux complice ou d'un flâneur occasionnel. Non, ils voient loin et aussitôt qu'ils sont là, on ne voit qu'eux. Des lions, dis-je, des rois !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.