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Billet de blog 19 janvier 2015

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Où Jules César a-t-il été assassiné ?

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 Où Jules César a-t-il été assassiné ? Les derniers historiens que cette question, et le débat qui en découle, enragent et divisent sont cependant d’accord sur deux points. Le premier, c’est qu’il a été poignardé sur les marches du Théâtre de Pompée et le second, c’est que l’emplacement de ce théâtre ne fait plus de doute depuis longtemps. Il se trouvait où se situe aujourd’hui le Teatro Argentina qui trône depuis plus de trois cent ans sur la Piazza del Largo Argentina où se croisent jour et nuit, bus, tramways, taxis, va-et-vient de Romains plus ou moins occupés et de foules de touristes en quête des haut-lieux historiques et artistiques tout proches. Tout cela dit et certifié, ce qui ferait donc aujourd’hui débat, c’est l’emplacement exact des marches du théâtre et, par conséquent, de l’endroit du meurtre et ce meurtre – que ça se sache ! - est un chef d’œuvre. Sa préparation et sa conception contenteraient à la fois les plus grands dégustateurs d’arabesques mentales qui s’élaborent entre de  grands détectives et criminels, les amateurs de théologie et de démons de nos abîmes et celles et ceux que le crime passionnel ou sournoisement crapuleux d’amants napolitains à la gâchette facile fascine à tous les coups. Ourdi, feutré, onduleux, lent dans son processus, foudroyant dans sa frappe. Reconnaissons qu’il aura fallu à l’Italie plusieurs siècles pour retrouver grâce aux Borgia un condensé de tels raffinements en la matière. À mettre en effet son nez dans leurs affaires, on songe davantage à l’art du fleuret ou du trapèze chinois qu’aux susceptibilités exacerbées qui peuplent aujourd’hui le cinéma de genre américain ou les environs de Naples. On y mourrait de baiser « une image sainte imprégnée d’un toxique fatal et l’ambassade des Médicis à Paris comptait parmi ses attachés un technicien en poisons ». À supposer que le débat actuel sur le lieu du crime du grand Jules s’apparente à une joute entre des admirateurs d’horloges anciennes et des contemplateurs de poèmes brefs mais glorieux, et que dans cette joute, on dégaine tôt ou tard une dague pour trancher la question cruciale mais in fine triviale – à savoir : les marches du théâtre de Pompée se trouvaient-elles au niveau de l’arrêt de bus 492 ou de celui du tramway 8 (car oui, le cœur du débat, c’est ça) - il y aurait là de quoi écrire un bon roman policier. En attendant que cessent les commentaires et les murmures contradictoires à ma suggestion de livre, ce n’est pas sans émotion qu’il m’arrive presque chaque jour de patienter à cet arrêt de tram en pensant aux salutations bronzées que le vainqueur de la guerre des Gaules a dû envoyer au Sénat après sa découverte de la pyramide de Chéops. De là à militer pour une réintroduction immédiate de l’enseignement du latin dès la fin du primaire et à risquer de passer pour quelqu’un de docte et d’influent, il y a un monde aussi vaste que celui qui me tient à distance de nos jeunesses – françaises et italiennes – déprimées, rasées de près (presque) partout, parlant pour ne rien dire, portées sur la cocaïne et sexuellement dispersées. Étant de surcroît donné que la population italienne diminue au même rythme que celle des pandas  - a-t-il été noté par un de ces démographes proches du cercle des historiens dont nous parlions plus haut – et que ce rapprochement nous change un peu des images du Colisée, du Vésuve et autres tours de Pise, je me garderai bien de franchir aujourd’hui le Rubicon de mes petites manies et obsessions dont tout le monde se fiche (ou presque).

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