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Billet de blog 24 février 2011

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Lundi 21 février: Quand nous n'y serons plus

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans un mois, c'est le printemps. Le square des Batignolles (Paris) va bientôt reverdir et refleurir. On va le voir et le sentir de loin. Il fera jour tard et les nounous africaines pourront palabrer ensemble, de l'heure de la sortie des écoles à celle du retour des parents car l'hiver, cela ne leur est pas possible. Dès leur entrée sous les arbres, les enfants de deux à six ans les dirigeront systématiquement vers le manège de bois et les balançoires. Larges, bruyantes et colorées, elles se tiendront assises sous les premiers soleils que personne ne songerait à leur ôter car on ne les approche pas comme ça. Les plus petits découvriront leurs plus belles facultés de courage, d'audace, d'adresse et de camaraderie (quatre vertus qui caractérisent aussi le chevalier John Wayne) dans des dispositifs de mini parcours du combattant au sol mou (toiles d'araignées géantes, toboggans, labyrinthes) dans des larmes et des cris. Les deux bancs occupés par de vieux joueurs de cartes portugais et espagnols, près de la sortie Cardinet, seront imprenables dès le milieu de l'après-midi et les terrains de pétanque à réserver d'un jour sur l'autre. Des grappes de retraités, d'oisifs et de désoeuvrés s'agglutineront dès les premières douceurs, sur les bancs exposés au sud. Les pelouses, les massifs fleuris et les plans d'eau à l'Anglaise seront à contempler, non à fouler, à effleurer ou à troubler. Les jeunes y seront, comme toujours, plutôt rares. On en voit quand même un peu. Plutôt paisibles, ils lisent, écoutent de la musique au casque, semblent parfois gagnés par de sourds désirs d'évasion. On se demande à quoi ils pensent, ce qu'ils vont devenir. La buvette va bientôt rouvrir, disposer quelques chaises et tables en terrasse au-dessus des voies ferrées où, de l'aube à minuit, des millions de gens vont et viennent des banlieues et de Normandie vers la gare Saint-Lazare. Depuis près d'une éternité, il en va ainsi au square des Batignolles. Jadis, les nuits y étaient fauves. Mais aujourd'hui, même la petite bougie près de la porte du dernier club S.M de Paris (Cris et chuchotements) à trois pas du square, est presque toujours éteinte. Bref, quand ça lui prend, le monde peut bien risquer de courir à sa perte, ici (même le week-end, quand les parents sont là), rien ne semble nous indiquer qu'un jour, d'autres que nous y seront.

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