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Billet de blog 24 février 2011

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Mardi 22 février, Un californien à Ajaccio

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Trombes d'eau sur Ajaccio. Espérons que les tableaux dérobés au Musée Fesch samedi dernier sont à l'abri. On se sent mouillé rien qu'en regardant pleuvoir par la fenêtre. La mer attend que ça passe, les rues sont en crue et on évite de sortir car si il y a une chose dont on peut être sûr ici, c'est que le soleil ne tarde jamais à revenir. Un jour entier de pluie est rare. Deux, rarissimes. Trois, du jamais vu. Bref, il fait un temps à ne pas mettre un Ajaccien dehors. Un Californien non plus, d'ailleurs. Et en cette fin d'après-midi trempé, Horatio, le seul (probablement) Californien de la ville est en effet au sec, vissé sur son tabouret de tatoueur, penché sur le sommet d'une fesse d'une jolie blonde à plat ventre devant lui. Depuis deux heures, il lui tatoue deux roses rassemblées par un prénom de fille inscrit sur un ruban volant au vent. Dessinateur exceptionnel, Horatio s'est voué au tatouage pour gagner sa vie. Il a été choisi lors d'un casting en Californie par le patron de la boutique, Denis, par ailleurs employé municipal. Un Californien à Ajaccio (et qui plus est, dans le plutôt triste quartier des Cannes) ça valait déjà le coup de prendre son parapluie. Mais un employé de la mairie qui organise des castings de tatoueurs à Los Angeles, on en oublie ses pieds mouillés. Mais ce n'est pas tout. Nous en étions là à la tombée de la nuit quand déboula au pied de la blonde un Marseillais hors de lui que l'on croyait au Canada et dont nous ne citerons pas le nom car, d'abord repéré, à l'aéroport de Montréal, pour ses nombreux tatouages, puis examiné sous tous les angles, il venait d'en être refoulé. Et il vaut tout de même mieux prendre ses précautions, déjà de façon générale sur notre île d'amour et, a fortiori avec un Marseillais tatoué refoulé - de Montréal, en plus. Du Québec, passe encore. Mais de Montréal... - mieux vaut en revenir à notre gentil Horatio que nous avons vu un jour assis sur un banc devant le Casino Municipal en train de lire un livre. Les fesses au bord de la planche, les Nike posées sur une petite borne, le dos long et rond, les épaules relâchées, les avant-bras détendus sur les cuisses, la casquette américaine (mais sans logo) pour se protéger de la lumière de la mer, il a à peine levé sa longue visière à mon approche et esquissé un sourire à ma question - What do you read, Horatio ? - Words, words, words, m'a t-il bien sûr répondu en clignant ses yeux éblouis par le soleil qui finit toujours par revenir sur Ajaccio.

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