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Billet de blog 24 avril 2011

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Dimanche 17 avril, Monsieur Caca en Corse

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La remarque que j'ai le plus souvent entendue, en Corse, au sujet d'un meurtre et, a fortiori, s'il s'agit d'un "règlement de comptes", c'est - Si ils l'ont tué, c'est qu'il a dû faire quelque chose. À la lecture des articles de presse qui relatent l'assassinat récent de Mme Marie-Jeanne Bozzi (ancienne maire UMP d'une commune proche d'Ajaccio), je pense de nouveau à cette remarque car il est souvent mis en évidence - que ce soit dans la presse locale ou nationale - qu'elle "appartenait à une famille - un clan ? - liée au grand banditisme insulaire" et qu'elle avait été elle-même "condamnée à deux reprises en 2002 pour proxénétisme aggravé et, en 2005, pour fraude fiscale"(il est à noter au passage que sa première condamnation n'avait pas empêché une majorité d'électeurs de lui accorder un nouveau mandat). Je ne peux pas ne pas entendre sous ces commentaires un lien avec cette remarque très fréquente comme avec cette autre - Tant qu'ils se tuent entre eux... Mais pour finir de vous dire dans quelle merde on est, une dernière remarque au sujet, cette fois-ci, des méthodes. Cet hiver, un père de famille a été tué devant ses deux enfants (8 mois et 5 ans), un autre, en plein jour devant une école et jeudi donc, c'est une femme que l'on vient de tuer. Ici et là, on s'indigne - Ils n'ont plus de règles, au moins avant, ils avaient des règles... et ainsi de suite... On en est à regretter nos vieux tueurs. Pour finir, je me trouvais un jour sur un parking d'une plage de la rive sud d'Ajaccio avec un enfant de deux ans. Un homme d'une trentaine d'années s'est mis à hurler sur un homme de quatre-vingt ans tassé dans une décapotable immatriculée 92 qu'il allait "l'enculer, lui exploser la tête" et le "crever comme un chien". Une poignée d'hommes essayait vaguement de le retenir. Une autre, de femmes, à distance, gueulait (en corse) sur le jeune homme. L'enfant avec moi s'est mis très vite à crier, terrorisé, et je l'ai conduit loin de là, à l'abri. Pendant des mois, quand il a raconté cette scène, il appelait le furieux, Monsieur Caca. Quand je pense que maintenant, cet enfant peut être, en Corse, témoin d'un meurtre et qu'il y a, in fine, ici et là, sur l'île, des voix autorisées qui prétendent que les médias aiment bien ce genre de clichés sur nous, oui, je me dis, qu'en Corse, on est vraiment dans la merde. Et comme le disait le grand écrivain italien (et communiste) Elio Vittorini, "Troppo male offendere il mondo !".

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