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Billet de blog 24 juin 2011

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Jeudi 9 juin, Mon opticien déprime

Mon opticien déprime. Il pleut sur Wimbledon. Le soleil brille pourtant sur les Batignolles (Paris), les jupes n'en finissent plus de raccourcir, les beaux jours d'allonger, l'euphorie gagne à l'approche des vacances, on traîne aux terrasses des cafés jusqu'à pas d'heure et mon opticien passe son temps au fond de son échoppe à tenter de capter un site web où regarder correctement le tournoi de tennis de Wimbledon. Autrefois, on jaugeait autrement du degré d'activité et du succès des petits commerçants.

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Mon opticien déprime. Il pleut sur Wimbledon. Le soleil brille pourtant sur les Batignolles (Paris), les jupes n'en finissent plus de raccourcir, les beaux jours d'allonger, l'euphorie gagne à l'approche des vacances, on traîne aux terrasses des cafés jusqu'à pas d'heure et mon opticien passe son temps au fond de son échoppe à tenter de capter un site web où regarder correctement le tournoi de tennis de Wimbledon. Autrefois, on jaugeait autrement du degré d'activité et du succès des petits commerçants. Il y a une quarantaine d'années, à Bastia, quand on disait qu'on voyait souvent Untel devant sa porte, ça voulait dire, il ne travaille pas beaucoup celui-là. Il ne pourra pas tenir. Et s'il tenait, alors là, mystère et hypothèses. Une épouse salariée, une famille aisée derrière, des mauvaises fréquentations, une inclinaison à la paresse... et ainsi de suite. Le commerce, comme disait ma grand-mère corse (Antoinette Casale) en rentrant de la petite fabrique de pastis Casanis, c'est que des emmerdements. Ici, aujourd'hui, on ne dirait pas. Les opticiens, par exemple, c'est fou, en dix ans, dix nouveaux, les pharmacies, les coiffeurs, les banques, les magasins de jouets et les boutiques de machins et de trucs mignons qui ne servent à rien, on ne les compte plus. À croire que le quartier est peuplé en grande partie de parents aisés et myopes à la santé fragile, soucieux de leur allure et enclins à la futilité. Ce qui n'est pas faux. Mais mon opticien alors. Il avait pris la succession il y a une quinzaine d'années d'un vieux couple cuir qui ne travaillait pas beaucoup non plus mais pas pour les mêmes raisons. Leurs nuits à rôder autour du square des Batignolles, alors haut-lieu de drague homo semblaient les fatiguer. On les trouvait eux aussi toujours au fond de la boutique, mais à somnoler, à rigoler tranquilles et à recevoir les vieilles dames et les vieux messieurs d'alors avec un beau sourire et une blague. Des gens comme eux, par ici, on n'en voit plus.

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