Passer de Naples à Ajaccio, c'est comme passer d'un film de Fellini en accéléré (la réalité napolitaine dépasse de loin la fantaisie fellinienne) à un dessin animé de Oui-Oui.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Passer de Naples à Ajaccio, c'est comme passer d'un film de Fellini en accéléré (la réalité napolitaine dépasse de loin la fantaisie fellinienne) à un dessin animé de Oui-Oui. Ajaccio calme comme nul autre ville. Son golfe est un lac. Ses ciels toujours bleus. Quelle que soit la saison, sa population n'y manifeste aucune énergie ni frénésie particulières. À première vue, tout le monde s'y habille et y parle de la même manière. Plutôt tape à l'oeil avec l'air de souvent se vanter de quelque chose de mystérieux. Il faut la scruter avec du temps et de la patience pour y déceler une dissonance, une contradiction. Les gens qui l'ont connue il y a vingt ou trente ans prétendent qu'elle n'a pas changé et il est bien probable que l'on dise la même chose dans cinquante ans. Un monde immobile. Comme l'homme n'y a pas produit grand-chose de remarquable (comme dans tout le reste de la Corse), il est comique de découvrir comment ce pas grand-chose est exalté pour être vendu par les marchands de vent (presse de tourisme, voyagistes, transporteurs...). Aucune de toutes les brillantes civilisations méditerranéennes n'a pénétré vraiment la Corse et n'y a laissé de traces propres à se rappeler la gloire conquérante et meurtrière des empires, des royaumes du sud et de l'Église chrétienne. Les palais sont modestes, les églises, humbles. Matisse disait qu'à Ajaccio "Tout est lumière". C'est vrai et c'est déjà pas mal. On ne peut pas en dire autant de beaucoup d'autres endroits de par le monde. Ni une réussite, ni un échec. Une énigme.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
