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Billet de blog 27 février 2011

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Dimanche 27 février, La pétanque, c'est sexuel

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Qu'est ce qui peut bien réunir environ deux cent hommes et une femme sur un terrain de football coincé entre des HLM et une voie rapide aujourd'hui à Ajaccio ? Un récital en plein air d'une "nouvelle star" pour une ou deux garnisons de gardes mobiles ? Non, cela se déroulerait entre les murs d'une caserne. Une apparition de la Vierge lors d'un rassemblement des Amicales de chasse du sud de la Corse ? On n'est pas chez Fellini. Langue au chat ? Eh bien c'est tout simple. Ici, on joue à la pétanque depuis des heures et pas pour rire. Grand concours de boules, pas d'affiches, juste le bouche à oreille et chacun serre les fesses sur une vingtaine d'aires de jeu plutôt étroites et tirées au cordeau. J'ai beau zigzaguer entre elles en essayant de voir les choses autrement, j'en reviens toujours au même constat: la pétanque, c'est sexuel. Regardez un pointeur. Accroupi, souple sur son assise (ici, on n'est pas à Lyon, on ne court pas pour lancer sa boule), le regard rivé sur le "bouchon" de bois rouge ("cochonnet"à Lyon) tel un faune sur sa nymphe, le pointeur rosit de plaisir et bat des cils lorsque sa boule, lancée d'un geste strict, sensuel et ondulé, vient se poser sur le bouchon comme une caresse infiniment délicate. Place alors au tireur de l'équipe adverse ! À la pétanque, le tireur, c'est le mari jaloux. Pan ! Raté ! Le tireur demande alors à son meilleur pointeur "d'en placer une" avant d'en tirer une autre. Si son pointeur s'exécute alors au mieux et que, par conséquent, une deuxième boule vient se coller au bouchon déjà chevauché par la première boule, chaud devant ! Le tireur enrage. Sa tâche se complique tandis qu'une complicité sourde se tisse, malgré tout, entre les deux pointeurs (pourtant adversaires) du fait de la complicité de leurs boules qui se partagent la petite balle rouge. Les tireurs, eux, sont des solitaires. Pas d'attaches, pas de sentiments. Il y a du tueur à gages chez le tireur. Un autre tireur que lui n'est pas à séduire mais à impressionner. Attention, il revient à la charge. Cette fois, entre les deux yeux, comme disait Lee Marvin. Pan ! Tout valse. Boules explosées, bouchon aux fraises. L'exécuteur fait le paon. Notre premier pointeur reprend position et ainsi de suite. Nous en étions donc à observer ces étranges parades amoureuses quand un passant pouffa d'un tir de nouveau raté par le soi-disant meilleur tireur de l'ouest du quartier. Il fallut les séparer. Et pas d'une étreinte amoureuse. Sexuelle, peut-être. Mais frustrée, alors. Reste un mystère. Que veut cette femme seule ? Tout est sexuel, disait le vieux Sigmund. Alors, pourquoi pas la pétanque ?

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