Je suis sûr que vous êtes déjà en train de vous demander où et comment vous allez passer vous prochaines vacances d'été.
La Mongolie à pied, L'Alaska en raquettes, Le Pacifique à la rame, l'Australie en kangourou, la formule Robinson aux Marquises (pour 3000 €, t'as rien)... Vous rêvez de vous laver les cheveux dans la pisse de lama dans l'ombre du Machu Pichu ou de rincer votre brosse dans les chutes du Niagara, le tourisme équitable vous tente (confectionner des colliers de noyaux de mirabelles dans les bois du ballon d'Alsace pour les victimes du dérèglement climatique), plonger sous la banquise à la recherche d'algues préhistoriques ne vous rebuterait pas, tout comme chanter avec les baleines dans la baie de San Francisco, relire Proust sous la pluie à Cabourg (ou sur les montagnes russes de la Foire du Trône), boire de la grenadine avec Laurent Voulzy à Belle-Île (en mer) n'est pas pour vous déplaire (la formule week-end en Picardie avec Francis Lalanne ne vous dit rien), aller brandir la banderole "Fuck You Shima" au sommet du Fujiyama, vous en tremblez déjà, castrer des milliers de moutons avec les dents (pour aller plus vite) au Texas est votre désir le plus inavouable et partir à la recherche de la moumoute de Stefano Casiraghi au large du Cap Corse serait pour vous l'apothéose, bref, vous avez fort besoin de vous empapaouter l'occiput illico presto, en clair, vous avez besoin d'air.
Connaissez-vous l'Avenue de Clichy à Paris ?
Savez-vous qu'en une demi-heure de marche (de la Place de Clichy à la Porte de Clichy) vous pourrez y croiser des gens du monde entier, de tous les milieux et de tous les âges ? Et chose exceptionelle in Paris, cette avenue est bordée à l'ouest par le quartier des Batignolles et à l'est, par celui des Épinettes. Deux territoires où des gens apparemment jeunes, heureux et bien coiffés remplacent, peu à peu depuis vingt ans, les vieux, les Arabes et les Noirs. Mais revenons sur l'avenue. Où que vous soyez sur l'un des trottoirs de cette avenue-monde, vous serez toujours plus ou moins entouré de gargottes kurdes, espagnoles, éthiopiennes, de bars burkinabés, de bouis-bouis africains, de pizzerias napolitaines, de dégaines invraisemblables - mendiants roumains, maquignons marocains, déballeurs de bagages chinois, pickpockets, voyous, agonisants, enfants affamés, danseuses du ventre, ouvriers, proxénètes, chiens et chats galeux, architectes en cabinet, torréfacteurs en café, marchands de journaux enkiosqués, poissonniers du dimanche, charcutiers et rémouleurs, cordonniers d'autrefois, bijoutiers oubliés, hommes de loi énervés de devoir bientôt s'y installer (Renzo Piano y construit la future Cité de la Justice) ... etc... etc.. Oui, chose exceptionnelle, il vous suffira alors de bifurquer vers une de ces rues qui vont vers les Batignolles ou les Épinettes, de vous y engager de quelques pas pour quitter le monde entier et entrer mais dans quoi, au juste ?