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Billet de blog 29 novembre 2011

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Aller où on veut quand on veut en France ?

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En France, il y a encore plein de gens qui s'imaginent pouvoir aller où ils veulent quand ils veulent. Ma maman, par exemple. Pour les fêtes, elle va venir à la maison. Bastia - Paris, aller - retour, cent euros (promo Air France), jusque là tout va bien. Enfin à peu près. Parce qu'avec mille euros de retraite (le quart du salaire horaire de Beckam à Los Angeles) et quatre cent euros de loyer mensuel, cent euros, c'est quand même une petite somme. Bon, mais alors, en plus, comme elle est déjà venue un million de fois à Paris depuis cinquante ans, ce coup-ci, elle a envie d'aller se promener - Bruges ou la Baie de Somme ou le Mont Saint-Michel ou Dieppe et ainsi de suite. Et quand je lui propose de se prononcer pour que je puisse organiser la ballade (réserver les trains, l'hôtel), elle me répond - Oh, on verra avec le temps (entendre s'il fait beau ou pas). Ma maman ne sait pas encore qu'avec ses revenus ou les miens, on ne peut pas partir où l'on veut si le coeur nous en dit. Ma maman et moi, nous sommes comme l'immense majorité des Français. Si on veut circuler librement et à moindre prix dans notre pays, il faut s'y prendre longtemps à l'avance. Du coup, quand je l'informe de la situation générale en la matière, elle me demande - Mais tu crois qu'il le font exprès ? Pour nous contrôler ? Allez savoir. Il est vrai qu'imaginer que la quasi-totalité des français pourrait se déplacer comme elle veut quand elle veut est proprement vertigineux. Vous voyez un peu l'anarchie. Bon, il y a bien sûr des vieux copains qui vont me dire que même à soixante quinze ans, on peut aller à Bruges en stop. Oui, ma maman en est capable. Elle a bien traversé l'Espagne sous les bombes et passé les Pyrénées en 39 dans les jupes de sa mère. Oui elle pourrait aussi comme le vieillard du film magnifique de David Lynch - A straight story - parcourir des milliers de kilomètres sur une tondeuse à gazon pour réaliser un rêve. Et je suis sûr qu'à des adolescents insolents qui lui demanderaient (comme ils le demandent au vieillard de Lynch) - C'est quoi le plus dur quand on est vieux ? - elle répondrait probablement - C'est de se souvenir des voyages de sa jeunesse.

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