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Billet de blog 30 mars 2011

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Samedi 26 mars, Quel est la personnalité politique française la plus "drôle" ?

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Bonne nouvelle ! Jean-François Copé a trouvé son clown ! Mauvaise nouvelle ! La fille Le Pen aussi. En théâtre, dans l'art de l'acteur, il y a une discipline que l'on appelle Chercher son clown. Cela consiste à découvrir, par l'exercice d'une initiation et d'une pratique plus ou moins rigoureuses, ses plus belles facultés dans ce domaine. En politique, pour qui veut faire carrière, c'est une recherche incontournable. Le peuple aime les clowns. Qui ne l'est pas ne peut pas aller bien loin. À la limite, Premier ministre. Exemple: Jospin. Avec son air sérieux et concentré d'Agrégé de gauche, ses chances étaient minces contre deux vieux clowns comme Le Pen et Chirac. Il a bien essayé sur la fin de se déguiser en Bill Clinton, mais trop tard. Autre exemple: la première Ségolène. Elle a dû vraiment se débarrasser de son air mi-souriant et soucieux. Le clown qu'elle a trouvé est original - sorte de Pierrot Mystique - mais elle en est un peu à un point de non-retour. Ça pourrait la desservir. Dernier exemple: Strauss-Khan. Ces derniers temps, il s'y met. Mais le numéro "Je vais me faire des oeufs au plat et je montre que je sais les faire" avec le demi-sourire affiché de son épouse (et partenaire de jeu) est un peu dépassé. Les grands (et vrais) clowns italiens qu'étaient les Colombaioni le faisaient après-guerre. Mais à gauche, ils sont nombreux à bosser leur clown. Hollande, ça y est, c'est trouvé. Longtemps trop rond, plutôt bon rhéteur, tête de premier de la classe, c'était vraiment très mal barré. Et là, avec ses dix kilos de moins, ses airs compassés et ses gestes empruntés avec deux vaches corréziennes à l'arrière-plan, on peut en rire. Les autres - Valls, Montebourg... - doivent le chercher avec des consignes communes. Parce que c'est un peu les mêmes tics. Regard franc, port de tête digne mais souple, épaulettes, coiffure... et (pour presque tous), la publication (vouée au pilon) de leurs visions des choses. Alors quand on pense aux immenses clowns qui ont gouverné la France depuis au moins cinquante ans, on se dit qu'on a vraiment changé d'époque. De Gaulle (le vieux), Pompidou, Giscard, le premier Mitterrand, Chirac (clown sinistre mais probablement le plus grand), Sarkozy. Chez eux, ça semblait presque inné. La grande parade de rue de Mitterrand en 81, les bons mots et les tapes dans le dos de Chirac - il y a eu des époques où il ne savait plus ce qu'il disait, un peu comme Sarkozy en ce moment. Tous les deux, ce sont des hommes qui parlent le plus souvent au nom de leurs amis, de leur classe et, pour eux, parler au nom de tout le monde, ça revient toujours grosso modo à courir après les fascistes (morts de rire) pour leur piquer des billes (la peine de trente ans incompressible pour l'un, le débat sur l'identité française pour l'autre). Les jeux de mots de De Gaulle, Giscard et son accordéon, Pompidou et l'art contemporain, les mises en scène de Mitterrand, Chirac et son amour pour la poésie ("...parce que c'est plus court"- salon du livre 84), les joggings de Sarkozy, chacun doit vraiment trouver comment se ridiculiser. Et Copé a trouvé ! Et c'est une bonne nouvelle car il a toujours quelque chose à dire au sujet de la majorité et, of course, de l'UMP. Copé, il est ridicule en toutes circonstances. Depuis quelques mois, on dirait qu'il est tout le temps au micro de Radio Fun. Demi (voire large) sourire permanent, toujours sur le point d'éclater de rire, tendance à nous prendre pour des cons (dernier exploit: il a tenté de nous faire croire que la fille Le Pen voulait faire guillotiner les vendeurs de shit à la sortie des écoles - nos mômes quoi - et du coup, lui, on se demande vraiment avec qui il bosse son clown). Oui, Copé, il est toujours battu à plates coutures. Par des intellectuels, par des gens de la télé et... par la Grosse Blonde qui a, elle aussi, trouvé son clown et ça, c'est pas bon (pour nous). Putain, Marine Le Pen, son clown, c'est un sacré cocktail. Ça tient à la fois du masque de mort d'un carnaval flamand, d'un comique estropié de Jérôme Bosch, de la Femme à barbe et à boire des forêts ensorcelées du Moyen-Âge, de la poissonnière véreuse, de Mère Ubu bourée et du vieux poster de propagande soviétique. Ça va chercher très loin dans l'imaginaire collectif, très très loin...

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