Chemin du 13 avril 2019
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Balance ton port ...
Je commence à faire une indigestion de cochon ! On n’entend plus que ça : du cochon, du caillon, du goret, du pourceau, du verrat, et même parfois de la truie... Tout ce ramdam autour de la bête humaine me démange le groin, me gratte le lard, me tord les tripoux. Je n'en peux plus ! Depuis plus d'un an on nous demande de dénoncer à tout va, de jouer les gens de bonne moralité, mais j’en connais plein, moi, des cochonous de bas étage, je ne vais pas quand même filer chez les flics pour larguer une cargaison d’ordures dans le commissariat !
L’actualité pue le lisier et rejette des algues vertes sur les plages vierges de mon cerveau. Alors plutôt que de balancer les porcs qui piquent, de mon entourage, j’ai décidé de m'octroyer une bouffée d'air marin et de faire le malin en vous balançant le port épique de mon environnement :
Brest !
Port plaisant, port marchand, port d’armes, port d’aventure, port salut, franco de port, port altier, port d’attaches, port vertu et port nique, un port export de rêves, quai de l’imaginaire, et de l’inimaginable...
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Le port de Brest c’est comme un ventre maternel. Un refuge liquide aux parois solides et mouvantes. Tout est bon dans ce cocon !
Oui, il est possible de rajeunir à Brest, près des docks, des embarcadères, des môles. On effectue là un retour en zone d’enfance : il y a des mécanos géants, des leggos flottants, c’est un livre d’images multicolores en doubles pages animées, sculptées, véritable puzzle de cinq mille pièces, avec les odeurs en plus, la marée, le fuel lourd, les bois exotiques, les céréales venues d’ailleurs, le cacao parfois ou alors c’est moi qui imagine, qui salive... Oui, tout est bon dans ce cocon !
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Lorsque je débarque en gare sncf, au-dessus de l’immense rade bleue, brisée au loin par la Pointe des Espagnols, immédiatement je lorgne en contrebas vers les grues qui grimpent au ciel, vers cette Abeille qui fait son miel du sauvetage en mer, vers ces très marrants oiseaux d’océan qui préparent leurs transats à la voile, vers ces bassins de radoub où quelques gros cargos se dépouillent et dérouillent sous les grattoirs mécaniques, et soudain l’air alerte a l’air plus léger qu’ailleurs, on respire, on a le poumon Iroise, les bronches marines, les narines éponges, c’est un bonheur à chaque fois neuf, le panard 29, le pied en Finistère .
Profite, me dis-je ! Prends-en plein les mirettes, chante avec les mouettes, marre-toi et largue les amarres, narre et laisse à voir, donne à respirer, jette l'encre sur l'écran virtuel, ancre tes potes dans le grand bleu...
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Voilà, c'est comme ça : le train me porte à l'Ouest. Et frais débarqué, je descends boire une mousse au pays des mousses, je chope le pompon quoi, je gagne un tour gratuit sur le quai des grumes, et j'oublie qu’il y a des havres plus au nord où des porcs se mouchent dans les étoiles et pissent sur les femmes infidèles ! Mais dois-je balancer les marins de Brel et trahir la poésie ?
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