Chemin du 15 avril 2019
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Atlantikwall ...
Béton, boulons, moellons, ciment, granit, rouille, ferraille et meurtières avec vue mer... J’ai sous les yeux le délire du Renard, l’utopie du Generalfeldmarschall, l’illusoire théorie d’Erwin, la mystification Rommel.
Que reste-t-il du mur de l’Atlantique ?
Des vestiges septuagénaires, de landes en falaises, des blocs disloqués, de cap en cap, des guérites explosées, d’abers en estuaires, des casemates éventrées, de pointe en pointe, la morgue à ciel ouvert d’une armée... bonne aryenne, le cimetière glauque d’une idéologie à dégueuler .
Nous avions la ligne Maginot, ils avaient l’Atlantikwall : deux conneries barbares, la risée de l’Histoire, poudre aux yeux et pétards mouillés. Nullité assassine .
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Me voici donc devant les blockhaus alignés, ruinés, abandonnés, laissés pour compte, sur la pointe de Pen Hir, commune de Camaret ou sur la lande de La Palue, commune de Crozon, Finistère..
Le sentier côtier tangue, hésite, divague entre l’or des genêts et le gris des fortifs. Ici la Wermacht se croyait invulnérable, elle a mangé bon !
Erwin Rommel, «le Renard du Désert», le maître des panzers, l’homme de l’Afrika Korps, avait érigé des milliers d’obstacles, ils ont volé en éclat.
Et sur ces tombes bétonnées la jeunesse d’aujourd’hui pisse une copie murale colorée, manie la bombe avec ferveur, pratique le bunker-art, résiste encore à l’occupant, lui dit merde avec talent, le conchie et le conspue sur le mode arc-en-ciel.
Deutschland über alles, «l’Allemagne au-dessus de tout» .
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Pourtant, 75 ans après ce maniement gigantesque de truelles fascistes, les leçons de l'Histoire ne servent à rien, nos gouvernants maçonnent leur carrière politique au même mortier puant, faisant tourner à fond les usines de la mort, celles qui expédient en douce leur matos indigne vers des armées génocidaires. On a reparlé ces derniers jours du Rwanda et de l'hypocrite neutralité de nos militaires sur ce terrain de massacres ethniques. On parle ce matin du Yémen et de nos avions made in bleu-blanc-rouge vendus à l'Arabie Saoudite qui tirent dans le tas humain des Yéménites ou de nos canons fabriqués à Roanne et qui étripent des gens déjà affamés par encerclement. Mais qui s'en soucie ? Il y a vraiment un mur entre notre innocence de randonneurs sur un sentier côtier de l'Atlantique et l'inconscience de marcheurs en palais parisiens .
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