Chemin du 15 décembre 2021
Bulletin blanc ...
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Aujourd’hui, 15 décembre 2021, je suis contaminé ! Non, ce n’est pas le virus, c’est pire : à force d’écouter, de voir et de lire les commentaires politiques, sur les ondes ou sur les réseaux, j’ai changé, au physique comme au moral. J’ai rapetissé et suis devenu un peu bossu, mes idées ont viré à l’intolérance et au sectarisme. Mon environnement de neige et de glace prend des airs de Gaule éternelle.
Le Maréchal hiver est passé dans le quartier : «garde à vous ! »
Il a badigeonné de plusieurs couches tous les gris et les noirs de novembre : «repos !»
La nature s’est transformée, immaculée, lactée, sans impuretés. Voilà bien une contrée idéale, un paysage de Noël nickel, une carte postale que l’on pourrait signer d’un Z comme... Pétain, Laval, Darnand, Doriot .
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Pffuitt , je n’y arriverai pas !
J’essaie, mais franchement c’est compliqué, surhumain.
Impossible de devenir mister Hyde. Impossible vraiment de me mettre dans la peau d’un «zouave», vous savez ces gonzes musclés mais mous du bulbe qui ont balancé des baffes et molesté des journalistes, ainsi que des femmes, au meeting de l’autre enfariné. Leur adjudant-chef est en garde à vue ce matin. Pas trop tôt ! Mais franchement je ne parviens pas à m’identifier : comment peut-on arriver à une telle détestation ?
Ils veulent une France blanche et aryenne. Et c’est ce que souhaite une frange de la population rangée derrière ces menteurs, arracheurs de dents, manipulateurs de l’Histoire, gros biceps et petite cervelle.
On leur laisse la parole, on leur tend le micro, on nous abreuve de leurs délires illégaux.
La campagne électorale qui démarre nous replonge, toute proportion gardée, dans une autre campagne, guerrière, outrancière, celle de la France à genoux, celle de juin 40 puis des années milice. Dans nos montagnes l’écho identitaire qu’on laisse se propager sans le bâillonner nous renvoie à cet état de soumission populaire quand un vieux militaire sénile et ses sbires débiles livraient le pays et ses habitants aux fascistes assassins.
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Actuellement, un petit rat des villes souhaite peindre en blanc l’hexagone. Son show racial pourrait s’appeler «Zemmour est dans le pré». Certains applaudissent sans honte.
Mais la nature qui m’entoure n’est pas la nature humaine. Elle n’a pas besoin d’un clown vitupérant et gesticulant, le verbe concentrationnaire et le doigt dressé, pour imposer une blancheur bienveillante, sans fiel, sans folie, sans fureur. Cette nature là, noble et sublime, admirable, respectable et puissante, permet d’oublier le verbe mauvais, puant et pesteux des bouffons arrogants.
Ce 15 décembre 2021, la noirceur est dans le poste, la splendeur est dans les champs, dans les bois, sur les arbres, sur les toits. Il y a de la fumée aux cheminées, des perles de glace suspendues au bout des branches, une mésange picore des graines sur un bord de fenêtre, des enfants poussent sur leur planches dans le vallon skiable, le vent soulève des écharpes de poudre au sommet des falaises, la trace des biches descend jusqu’au torrent qui fume, on entend les aboiements des chiens de traîneaux, c’est beau, tout est beau !
Bref, le grand blanc hivernal n’a rien du petit gris. Il apaise et console, enivre et désarme. Pour l’heure, et en attendant le printemps, je vote donc blanc !
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