Chemin du 16 avril 2025
Viens ici Donald !

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Stone et Charden, ça vous dit quelque-chose ? Je parle aux boomers, bien sûr. Dans les années 70, le couple faisait balancer la France sur un air évoquant le sentiment particulier liant l’Amérique des GI à la terre du « D-Day » : cette Normandie des pommiers, du cidre doux, des filles aux joues rouges et des petits villages pleins d’amis. La chanson commençait par ces paroles :
« Je suis américain et je vis en Pennsylvanie
En 1944 j'étais sergent dans l'infanterie
Jeannette et moi on s'est mariés, c'était le mois de mai
Et l'on m'a parachuté sur un village Français… »
Dans mon souvenir, Stone avait une robe taillée dans un drapeau américain et Charden portait l’uniforme militaire US. A l’époque, tout le monde reprenait en choeur « les vaches blanches, rousses et noires, sur lesquelles tombe la pluie… »
En fait il s’agissait d’un hymne à l’amitié éternelle de deux nations, le rappel d’une histoire construite sur le souvenir de Lafayette et Washington, de Roosevelt et de Gaulle. Quelques couplets d’amour historique pour bals populaires.

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Avril 2025, dans la voiture, je roule sur le bitume parfait qui surplombe Omaha Beach, et ce refrain joyeux me ramène aux jours terribles et heureux à la fois : des mômes venus d’outre Atlantique se sont battus là, juste en-dessous, pour la liberté de notre pays. Beaucoup y ont laissé leur peau comme en témoigne le cimetière de Colleville-sur-Mer là-bas sur la colline, ou le musée de l’Airborne à Saint-Mère Eglise, pas très loin.
Des dizaines de milliers de civils français ont également péri pendant ces jours très longs, bombardés par les Alliés ou victimes de combats terrestres rapprochés, à l’aveugle ou presque dans les haies et les prairies du bocage.
Pourtant la Normandie conserve à jamais la joie de cette Libération et l’affiche fièrement tout au long des plages du débarquement, sur les places des bourgs et dans la campagne verdoyante entre Cherbourg et Caen.
Colleville, ce sont 70 hectares de gazon nickel et 9388 croix blanches alignées au cordeau. Entre les tombes je croise ce jour là beaucoup d’étrangers. Parmi eux de nombreux citoyens américains. Certains ont ramassé un peu de sable sur « Omaha la sanglante » et le déposent au pied du marbre blanc.

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J’essaie d’imaginer ce qu’ils ont en tête depuis que leur fada de président insulte l’Europe et humilie la France. Ils sont venus en Normandie rendre hommage à leurs ancêtres morts en gamins conquérants sur un sol inconnu. Ils s’arrêtent devant une sépulture, évoquent le lieu d’origine du soldat gravé sur la pierre, ils sont discrets, parlent à voix basse, ils ont fait le voyage indispensable, celui que leur dictait leur conscience, ils aiment la Normandie, c’est un peu chez eux, oui ce coin de France est aussi le leur, alors ils se recueillent, ils lèvent les yeux et portent le regard vers la longue bande dorée caressée par les franges blanches de l’océan et ils tentent de revoir ce qui s’est passé là, ils essaient d’imaginer l’aube du 6 juin 44, ils sont ailleurs, le temps est aboli…
Ils n’oublieront jamais ces instants suspendus.

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Dans ces conditions comment jugent-ils et comment acceptent-ils la sale guerre du fric déclarée aux Européens par celui qu’ils ont élu à leur tête ? Probablement ces dignes pèlerins ont-ils honte de ce qui se trame à la Maison Blanche, et certainement se demandent-ils ce que pensent les habitants qu’ils croisent à Valognes, à Bayeux, à Carentan, à Ouistreham… Suis-je le seul à me dire que le voyage normand ferait du bien au chien fou qui aboie aux USA ? Suis-je le seul à penser qu’une immersion dans ce territoire sacré ramènerait la bête à plus de civilité ?
Franchement, que pèsent un clown hideux et son administration haineuse face au sacrifice de ces enterrés glorieux ?
Alors, viens ici Donald, et pas seulement une journée pour les cérémonies ! Prends quelques jours de vacances, partage la vie des Normands et mesure le poids de l’Histoire, celui de la fraternité !
« La guerre, Jeannette, je te l'ai racontée
Et dans mon cœur j'ai toujours gardé
Les vaches rousses, blanches et noires sur lesquelles tombe la pluie
Et les cerisiers blancs made in Normandie
Une mare avec des canards, des pommiers dans la prairie
Et le bon cidre doux made in Normandie …… »

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