La bataille du rail
- 29 avr. 2020
- Par Nounours du Vercors
- Blog : Chemins de traverse
Chemin du 29 avril 2020
La bataille du rail ... Passage à niveau près de Clelles avec le massif de l'Obiou barrant l'horizon © P.Morel/E.Corre
Quand ma chronique rencontre le beau travail journalistique réalisé par l’un de mes enfants, je ne peux être que «bien riant» comme on dit en Dauphiné ! Et le Dauphiné, précisément, offre ses plus beaux paysages à ce documentaire réalisé par Pierrick Morel et son collègue Emmanuel Corre : «Notre train quotidien» . Le film retrace en 52 minutes le combat victorieux livré depuis des années par des gens simples voulant conserver leur unique moyen de déplacement. On parle ici de la magnifique ligne ferroviaire des Alpes, entre Grenoble et Gap. Une voie unique mais combien nécessaire à la vie des populations qu’elle traverse. Dans la cabine ... © P.Morel/E.Corre
Patatras, ils ont perdu ! Passage hivernal au col de Lus-la-Croix Haute © Collectif Etoile Ferroviaire de Veynes
Et puis il y eut l’an dernier les revendications portées par les «Gilets Jaunes». Ont-elles contribué à faire basculer la décision finale en faveur des combattants du petit train des Alpes ? En tout cas elles ont éclairé d’un jour nouveau la colère des délaissés, le désespoir «des gens qui ne sont rien» pour reprendre une formule présidentielle. Depuis sa montagne, Bianca va travailler tous les jours à Grenoble © P.Morel/E.Corre
Quand j’étais étudiant à Grenoble, il y a si longtemps hélas, j’avais deux amies qui chaque lundi et chaque samedi empruntaient la ligne entre Grenoble et Gap. Quand elles débarquaient sur le campus avec leur accent chantant des Hautes-Alpes, c’était le soleil du sud qui éclairait la grisaille hivernale grenobloise. N’est ce pas Claudine et Francette ?
Nicole n'a pas de voiture ; le train lui permet d'aller voir ses enfants à Grenoble © P.Morel/E.Corre
Cette véritable ligne de vie irrigue des terres sauvages loin d’être abandonnées. Elles sont habitées par des gens fiers, ancrés dans un pays authentique, et moderne qu’on le veuille ou non. C’est la France surprenante des oiseaux, des chevreuils, des loups aussi, celle de l’agriculture biologique et du télétravail, celle des paysans et des auto-entrepreneurs, la France des destins choisis, du labeur et des vacances, de la beauté et de l’air transparent, la France enviée désormais par bien des confinés urbains.
Hier soir j’ai regardé le film consacré au danseur Rudolph Noureev. J’ai découvert avec amusement que même adulte et adulé, il restait fasciné par les petits trains électriques et leur environnement.
La locomotive, les wagons, les passages à niveaux, les gares de campagne, les ponts et les tunnels, les aiguillages, les rails font partie de notre univers à tous. Le TGV aussi, évidemment. Mais pourquoi décider dans un bureau aseptisé de Bercy que la rentabilité doive absolument tuer la mobilité ?
La bataille gagnée par les maquisards du rail dans les Alpes est un premier pas. Et logiquement, les lendemains de confinement devraient confirmer ce retour à plus d’humanité. Ou alors, c’est à désespérer.
Notre train quotidien, France 3, inédit, réalisé par Pierrick Morel et Emmanuel Corre, une coproduction Capa, avec la participation de France Télévisions et du CNC. Durée 52’36 .
Voici le lien vers le "replay" de ce documentaire : https://www.france.tv/documentaires/societe/1409683-notre-train-quotidien.html
En approche de la cuvette grenobloise. Au fond le massif de la Chartreuse . © P.Morel/E.Corre
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.