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Billet de blog 3 mai 2023

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« Les âmes perdues », documenter l’industrie de la torture en Syrie

Syrie, 2014. César : c'est le nom de code d'un mystérieux déserteur qui divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. « Les âmes perdues » retrace cette histoire et celle du combat des familles de disparus pour obtenir justice. Ce film de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne soutenu par « Oh My Doc » sort en salle ce 3 mai 2023.

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LES ÂMES PERDUES de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne - Bande-annonce © DULAC DISTRIBUTION

En 2014, un mystérieux déserteur, portant le nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l’oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d’activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Film parfaitement documenté Les âmes perdues relate les rebondissements d’enquêtes et de procédures qui conduiront à l'émission de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre l’humanité.

Jean-Pierre Perrin dans un article pour Mediapart La Syrie sous la loi de César raconte : « C’est d’abord l’histoire d’un héros anonyme. Celle d’un photographe de la division criminalistique du ministère de la défense syrienne qui, pendant des mois, secrètement et au péril de sa vie, a pris des clichés des prisonniers morts sous la torture. Au départ, ce n’était pas son but. Il voulait simplement déserter et rejoindre l’opposition. C’est celle-ci qui l’a convaincu de continuer son travail dans les morgues des prisons pour documenter les crimes du régime, photographiant souvent jusqu’à 50 corps par jour.

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© Thibault Delavigne / Les Films d'ici / Katuh Studio

Jusqu’à ce qu’il craque en 2013. Après s’être caché un temps dans son pays, il réussira à rejoindre la Jordanie planqué dans la benne d’un camion avec les clés USB contenant les images numérisées de l’horreur concentrationnaire syrienne. Une fois en Europe, il prendra le nom de code de César, Caesar en anglais. Il vit aujourd’hui caché et sous haute protection.

C’est ensuite l’histoire de l’authentification et la validation des images qu’il a prises, avec la collaboration d’avocats, d’organisations humanitaires, d’experts et de policiers. Un travail terriblement éprouvant : examiner à la loupe 53 275 photos de corps nus et décharnés, quasiment des squelettes, chacun portant témoignage de la violence des actes de tortures qu’il a subis. À raison de 4 ou 5 clichés par cadavre, cela représente environ 11 000 victimes. Ce que le photographe dévoile, c’est un continent de la torture.

Mais c’est aussi l’histoire des traumatismes pour les familles syriennes dont nombre d’entre elles ignoraient que leurs proches disparus étaient morts et qui les ont reconnus sur les photos, découvrant en même temps dans quelles conditions ils avaient été assassinés. »

Illustration 3
© Stéphane Malterre / Les Films d'ici / Katuh Studio

L’histoire de César révélée par la journaliste Garance Le Caisne dans son livre Opération César. Au cœur de la machine de mort syrienne,  a été publiée en France en 2015 et a eu un impact considérable. Toute la force du film est de nous plonger directement dans les précipices de cette machinerie vertigineuse et dans le combat quotidien des proches des disparus pour faire reconnaître les crimes du régime Syrien.

Tourné dans toute l’Europe entre 2016 et 2020 et co-réalisé avec le journaliste Stéphane Malterre, grand reporter et auteur de Syrie, la mort en face - sélectionné en 2013 pour le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre – Les âmes perdues est un film-enquête qui peut sidérer le spectateur non averti et laisse dans tous les cas une trace profonde.

Si certaines images peuvent heurter, elles n’en sont pas moins indispensables pour réveiller les consciences. Malgré l’abandon des institutions internationales, le combat des familles de victimes et de leurs avocats pour nommer et faire juger les bourreaux, mais aussi lutter contre la terreur et le silence que tente d’imposer la dictature de Damas est glaçant et implacable.

Un film indispensable pour documenter « l’industrie de la torture », soutenu par de nombreuses organisations des droits humains dont la Ligue des droits de l’homme et Amnesty International qui a édité pour l’occasion un excellent livret d’accompagnement.

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© Thibault Delavigne / Les Films d'ici / Katuh Studio

Les Âmes perdues - Documentaire réalisé par par Stéphane Malterre, Garance Le Caisne - 104 minutes /  Production Les Films d'Ici et Katuh Studio / Sortie en salle le 3 mai 2023

Illustration 5

Ce film a reçu le label “Oh my doc !” créé en 2020 par France Culture, la Cinémathèque du documentaire, l’association Les Écrans, la plateforme Tënk et Mediapart afin de chaque mois soutenir la sortie en salle d’un documentaire remarquable.

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