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Billet de blog 13 janvier 2022

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« Little Palestine », immense récit d'une tragédie syrienne, sort en salles

Pendant deux ans, Abdallah Al-Khatib a filmé l'asphyxie de son quartier, le camp de Yarmouk à Damas, plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde que Bachar Al-Assad a décidé d'anéantir. Et c'est le courage, la dignité et la résistance d'un peuple qui restera.

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Bande annonce | LITTLE PALESTINE, JOURNAL D'UN SIÈGE de Abdallah Al-Khatib © ACID CinéIndépendant

Entre 1957 à 2018, le quartier de Yarmouk au sud de la banlieue de Damas en Syrie a abrité le plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Quand en 2011 éclate la guerre civile syrienne, Bachar Al-Assad y voit un repaire de rebelles. Il décide alors de faire le siège de Yarmouk qui peu à peu et jusqu’en 2015, sera coupé du monde. Aucun Etat ne s’en offusquera, le monde entier regardera ailleurs. Après avoir été repris par Daech, ce quartier sera anéanti par les bombes russes et syriennes en 2018.

De Yarmouk, il ne reste donc plus rien. Mais de la dignité, de la résistance, de l’humanité des réfugiés qui ont vécu ce siège, que le pouvoir syrien a voulu affamer et anéantir, il restera à jamais le film Little Palestine, journal d'un siège, d’Abdallah Al-Khatib, sur les écrans français depuis le 12 janvier.

Pendant deux années, Abdallah Al-Khatib, qui est né dans ce quartier, y a grandi et construit sa vie, a filmé les habitants. Jamais dans l’horreur, dans la souffrance, mais l’asphyxie méthodique d’une ville de 160 000 habitants est jour après jour documentée, les témoins enregistrés.

Illustration 2

Abdallah Al-Khatib suit sa mère, infirmière, qui tente de fournir des médicaments aux personnes âgées. Il filme le marché où pour seule nourriture, il reste des cactus à faire bouillir pour la soupe ne soit pas que d’eau chaude. Il croise une petite fille qui au milieu des mauvaises herbes d’un terrain vague cueille celles qu’elle a appris à reconnaitre comme comestibles. Quelques bambins qui malgré la faim, l’épuisement et le deuil arrivent encore à imaginer l’avenir, à s’enthousiasmer lorsqu’ils décrivent ces lendemains qu’ils voient radieux. Il saisit aussi ce moment incroyable où des décombres est extrait un piano devant lequel un jeune homme s’installe et emporte ses amis dans un chœur impensable. Et puis, infiniment, tous ces gens qui marchent parce qu’il n’y a plus que ça à faire, qui marchent vers rien mais pour rester debout.

Réfugié à Berlin en 2019, le réalisateur amateur s’est retrouvé face à quelque 500 heures de rush. Aidé du Syrien Qutaiba Barhamji au montage, Abdallah Al-Khatib en a extrait un film d’une heure et demi en hommage au courage, à la dignité et à la résistance des personnes assiégées. « Une lettre d’amour aux réfugiés et aux habitants de Yarmouk, explique-t-il dans Télérama. Un acte de vengeance aussi contre le régime syrien et le silence du monde. »

Sophie Dufau, journaliste à Mediapart

***

Illustration 3

Little Palestine
de Abdallah Al-Khatib,

1h29. Sortie en salle le 12 janvier 2022

Ce film a reçu le label “Oh my doc !” créé en 2020 par France Culture, la Cinémathèque du documentaire, l’association Les Écrans, la plateforme Tënk et Mediapart afin de chaque mois soutenir la sortie en salle d’un documentaire remarquable.

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