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Billet de blog 31 janv. 2023

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« Maîtres », avocates de la dernière chance

À Strasbourg, un cabinet d’avocates s’est spécialisé en droit des étrangers. Christine Mengus et Nohra Boukara s’y battent chaque jour pour aider leurs clients. Grâce à leur ténacité, leur humour et leur professionnalisme, elles tentent de trouver des solutions humaines face à la Justice et surtout l’injustice de certaines situations. Soutenu par le label « Oh My Doc ! » ce documentaire de Swen de Pauw sort en salle ce 1er février.

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MAÎTRES de Swen de Pauw - Bande-annonce © Nour Films

Christine Mengus et Nohra Boukara sont avocates. Elles sont spécialisées en droit des étrangers, un des domaines de leur profession en proie à des difficultés toujours plus nombreuses. En huis-clos dans leurs bureaux, le cinéaste Swen de Pauw capte l’exercice du travail juridique, des entretiens avec les clients à l’étude des dossiers. 

Autour de la précarité administrative et sociale, se développe un récit captivant sur la problématique des réfugiés et des migrations. On observe mi-amusé, mi-effaré les deux avocates guider leurs clients dans les méandres de l'appareil judiciaire. « Elles sont les premiers témoins de l’absurdité, des aspects “kafkaïens” de certaines situations vécues par ces étrangers en France » détaille le réalisateur dans sa note d'intention. « La justice c’est une machine qui balaye ce qui dépasse de la norme et en particulier les petits. C’est bien beau de dire que nul n’est censé ignorer la loi, mais la plupart des gens ignorent leurs droits. L’enjeu, il est là. »

« Rendre aux étrangers leur individualité et leur humanité »

Au fil des multiples récits, se dessine un double portrait, 

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celui des ressortissants, souvent déboussolés, et celui de leurs avocates dont la ténacité et l'âpreté, parfois froide et tranchante mais jamais impassible, fascinent. « Elles aussi subissent les failles de la justice, détaille le réalisateur, elles sont déchirées entre leur volonté de changement et leur terrible impuissance, entre l’urgence des situations et l’inertie du monde judiciaire. Elles sont perpétuellement sur le fil. » 

Dans la note qui accompagne le film, les deux avocates précisent les raisons qui les ont poussées à accepter que la caméra s'introduise dans leur cabinet alors que leur profession est fortement imprégnée du secret et de la confidentialité. « Ce qui nous a convaincues en définitive de nous lancer dans l’aventure, c’est que nous avons vu dans ce projet l’occasion de rendre aux étrangers leur individualité et leur humanité et de contribuer à briser les pires préjugés à leur égard qui sont véhiculés par les discours de certains médias ou politiques. »

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Pas de grands plaidoyers à l'image, mais les simples gestes et paroles du travail, les piles de dossiers triés méticuleusement qui s'entassent, les réunions stratégiques où l'on devise sur la chance ou la malchance d'être tombé sur tel ou telle juge et surtout l'écoute et la pédagogie sans cesse renouvelée. S'y révèle un quotidien presque sacerdotal. Face à la complexité des rouages administratifs apparait alors crûment à l'écran, une absurde tragi-comédie, celle de vies suspendues aux décisions judiciaires.

Dans un entretien accordé à Nicolas Feodoroff, lors de la diffusion du film au FID Marseille, le réalisateur revient sur l'humour qui traverse tout le film, assez inattendu dans ce contexte.  « J’ai l’impression qu’étant donné les sujets que j’aborde, si je ne gardais pas une légèreté, j’en pleurerais tout le long. Et puis ce qui me réconcilie avec la vie, c’est justement la petite vanne, rendue possible grâce à la distanciation mise en place par les avocates et qui permet le recul des protagonistes sur leur condition. Parce que certaines personnes, même dans une situation terrible, aiment placer un petit mot drôle. Comme pour se rassurer ou rassurer les autres. »

Cinéma direct d'observation, entre portraits en creux des demandeurs et celui de leurs défenderesses, Maîtres de Swen de Pauw parvient surtout à dépeindre avec intimité et justesse « la dure réalité et de la violence institutionnelle subies par les étrangers en proie à l’exploitation de leur situation de dépendance et de vulnérabilité, à l’arbitraire de l’administration et au durcissement législatif ».

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Maîtres de Swen de Pauw - France | 2021 | Durée : 1h37 - Sortie en salle le 1er février 2023

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Ce film a reçu le label “Oh my doc !” créé en 2020 par France Culture, la Cinémathèque du documentaire, l’association Les Écrans, la plateforme Tënk et Mediapart afin de chaque mois soutenir la sortie en salle d’un documentaire remarquable.

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