Deux poids, deux mesures, telle est la règle lorsqu’il s’agit d’Israël et de la Palestine. L’on n’en peut plus d’entendre les proclamations diplomatiques routinières des démocraties « modèles » d’Occident, appuyées comme il se doit par soutien militaire – ventes/achats d’armes et financement américain de 4 milliards de dollars par an – et contrats juteux.
Israël a le droit à la sécurité ? Et les Palestiniens ?
N’ont-ils pas droit à vivre, travailler, dormir, se déplacer n sécurités sans risquer d’être agressés par des suprématistes déchaînés, ivres de leur impunité, emprisonnés sans procès pour une durée indéterminée, ou blesser/tuer par une balle dans le dos ? Leurs vies ne comptent-elles donc pas comme celles des Ouïghours ? Combien de temps devront-ils encore vivre, asphyxiés, sous la botte de l’Occupant ?
En termes concis et forts, l’organisation B’Tselem rétablit la réalité dans une annonce publiée en première page du @Haaretz aujourd’hui, du 14 mai 2021
B’Tselem : « La violence actuelle dans tout Israël/Palestine est le résultat du régime d’apartheid qui contrôle toute la région »
Les événements de ces derniers jours – à Gaza et à Lod, à Jérusalem et Haïfa, à Naplouse et à Acre – sont le résultat du régime d’apartheid entre la mer et la Jordanie. Un régime dans lequel environ la moitié de la population d’Israël / Palestine – les juifs – peut jouir d’une vie et d’une protection des droits humains bien remplies, tandis que l’autre moitié – les Palestiniens – ne le peuvent pas.
L’effroyable violence de rue à laquelle nous assistons est déchirante, terrifiante et doit être condamnée avec force. Toute violence contre des civils est absolument répréhensible. Pourtant, la violence est plus profonde que ce qui peut être filmé.
La gamme de mesures employées par le régime israélien pour assurer la suprématie juive est intrinsèquement violente. Les frappes aériennes et les grenades assourdissantes sont visibles, tandis que les lois, les ordres militaires, les bureaucrates, les décideurs et les juges qui soutiennent le système restent pour la plupart invisibles.
« Rétablir l’ordre » signifie que les Juifs retourneront à leur vie paisible, tandis que les Palestiniens continueront à vivre sous une botte : soumis à une violence constante, implacable et invisible.
Une réalité fondée sur la violence organisée n’est pas seulement immorale – elle est un danger pour nous tous.
C’est pourquoi la Déclaration universelle des droits humains a proclamé, en 1948 : « Il est indispensable, pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression, que les droits humains soient protégés… »
Nous méritons tous de vivre sous un régime qui assure la justice et la même qualité pour les deux peuples. Un régime qui donne à tous ceux qui vivent ici le droit à la vie, à la sécurité et à la liberté de créer, d’apprendre, de rêver et d’aimer.
Nous désirons tous la vie. Pour chacun d’entre nous.
La loi du silence
Prise de position digne et courageuse, à l’heure où les autorités françaises veulent « silencier » le mouvement de solidarité en interdisant une manifestation convoquée, il y a plusieurs jours, pour ce samedi 15 mai.
Ailleurs, notamment au Canada, ceux qui veulent maintenir la loi du silence? s’activent aussi et dans tous les milieux, dont l’université. Récent exemple : une décision de l’Université de Toronto qui, après appel d’un riche donateur, s’est opposé au choix d’un jury académique constitué pour sélectionner la tête du Programme sur les droits de la personne de la Faculté de droit. Le refus d’engager Valentina Azarova - une chercheuse de grande renommée, qui a enquêté, entre autres,, sur les violations des droits de la personne du peuple palestinien - a suscité des démissions en chaîne ainsi que le lancement d’une campagne visant à inciter l’Université à revenir sur sa décision.
Chronique publiée par Emilie Nicolas, dans le journal québecois, Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/600851/les-raisons-du-silence