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Billet de blog 18 juin 2022

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Si, nous savons très bien où Macron va

En grève de démocratie, le président Macron aimerait un « nouveau peuple ». L'ancien ne lui convient plus. Dimanche, il risque d'être déçu.

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L'inconnu aurait donc changé de camp. À gauche nous trouvons un programme en 650 points, un plan de gouvernance détaillé, terre à terre, calculé et validé par 300 économistes. C'est du réformisme pur et socialement puissant, il suffit de lire l'interview de Jean-Luc Mélenchon dans les Alternatives économiques(24/05).

À droite rien, sauf l'âge de la retraite à 65 ans et le travail forcé pour les exclu.e.s des droits sociaux standards.

À gauche la Nupes invente (enfin !) une autre pratique politique en intégrant les citoyen.ne.s, les mouvements sociaux, les syndicats, les savoirs et les cultures dans la prise de décision. Cette gauche va parlementariser, démocratiser. Elle n'aura pas le choix : le grand soir n'ayant plus cours, seules une démocratie profonde, inclusive et l'adhésion de majorités réellespeuvent réussir le grand tournant écologique (qui sera obligatoirement social d'abord).

 À droite rien, sauf « l'ordre » (Macron dixit). Sur le tarmac d'Orly, dans une mise en scène trumpiste, Jupiter-César exige une « majorité solide » (lire : absolue) pour continuer à ignorer le parlement et détruire le champ politique. Et si vous ne voulez pas, vous aurez le chaos. There is no alternative, disait Mme Thatcher, Macron l'a fait. Toute opposition serait donc par définition illégitime, nous assènent les Macronistes dont le seul mérite est d'avoir hissé le RN à un niveau jamais atteint.

Nous serions donc devant un choix à l'aveugle ? Emmanuel Macron, il est vrai, a tout fait pour imposer cette soumission. Refus de débat, refus de programme, deux non-campagnes, criminalisation de l'inventaire, alignements des médias, bref : anesthésie de la démocratie.

Mais ces vieilles ficelles de la droite autoritaire perdent de leur efficacité. En réalité les Français.es savent très bien où va Macron, mieux, où il compte les mener. Ils, elles le pratiquent depuis cinq ans. Et avec les outrances folles et le déni de démocratie du président et de sa cour depuis le premier tour des législatives, les ultimes doutes se sont évaporés. On assiste bien à l'installation d'un régime type néolibéralisme 2.0. Probablement même à une première mondiale – l'invention de la 4e droite. Économiquement libérale comme la deuxième droite, autoritaire comme le fascisme (troisième droite) mais niant l'existence même d'une société (ce que le fascisme n'a jamais réussi).

C'est cohérent. Celui qui transforme « coûte que coûte » l'état social en état tiroir-caisse pour le capital et donne la police au moindre accroc est sans doute obligé d'expulser la justice sociale de la légitimité « républicaine » et de liquider les derniers restes des lumières et la Révolution française.

Macron a promis « une nouvelle politique » par un « nouveau président » pour un « nouveau peuple ». On le comprend, il a tellement exprimé son mépris de ceux « qui ne sont rien » et de ce « peuple réticent » à sa politique qu'il aimerait bien en avoir un autre. Dimanche, il risque de se rendre compte qu'il ne l'aura pas.

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