N'en déplaise aux moralisateurs et aux professionnels du chantage électoral (PS, Camembert ! ) : Emmanuel Macron est inéligible comme Marine Le Pen est inéligible. Point. On passera ici sur les raisons, tout-le-monde les connaît. Juste une petite chose : Il ne faudra jamais oublier que l'un a monté l'autre.
Le peuple est donc censé choisir entre fascisme et néolibéralisme autoritaire. Galère. Mais en démocratie défaillante il n'y a pas de non-choix. Ce soir quelqu'un prendra le pouvoir. Alors rendons leurs la monnaie de la pièce, avec détermination et tête froide. Soyons aussi menteurs et manipulatrices qu'eux. Puisqu'on ne veut ni de l'un ni de l'autre, une seule question demande réponse. Lequel des deux est notre meilleur adversaire au troisième tour et au-delà ?
Ne confondons rien. Certes, Macron fera tout pour combattre le mouvement de la révolution citoyenne qui monte. Il n'a jamais hésité à donner du bâton et du LBD-40. Et, pas de doute, il confisquera toutes les voix de ce soir en prétendant que la France aura choisi son projet destructeur.
Mais imaginons un moment la victoire de Le Pen. Zemmour reviendrait par la fenêtre. Pour sauver leurs sièges, les LR se soumettraient illico. Une grande recomposition à droite. Le racisme de l'homme blanc en religion d'état. Les flics et les militaires (l'appel des généraux) déchaînés. Le GUD et d'autres milices identitaires dans la rue. Le parlement, les médias à la botte. Le fascisme triomphant.
Le Pen est peut-être minable en débat télévisé mais elle saura y faire, son copain hongrois lui a montré le chemin, son père veille, Putin payera, Steve Bannon, le faiseur de Trump, la guidera. Pas d'illusions, il n'y rien de nouveau au Front, il n'a rien à essayer, l'issue est en béton armé (et les Fratelli d'Italia n'attendent que cela) : on bouffera des ténèbres pendant 30 ans.
En réalité il n'y a pas de choix. Liquidons l'option Le Pen aujourd'hui avec notre bulletin de vote et passons aux choses sérieuses. On n'a pas une minute à perdre. Le climat, la crise sociale, la crise économique nous appellent. Nous vivons un moment historique dont nous sommes les acteurs et non pas les victimes.
Que le champ des possibles devienne le chant du possible.